La(rt) Sauvage : Alexandra Uppman et Viktoria Vanyi

10 sep. 2024
La(rt) Sauvage : Alexandra Uppman et Viktoria Vanyi

(c) Alexandra Uppman et Viktoria Vanyi
Article en Français
Auteur: Chloé Sobczyk

Dans le cadre du projet La(rt) Sauvage initié par la Ville de Differdange et le Aalt Stadhaus, Viktoria Vanyi et Alexandra Uppman font converger leurs univers artistiques pour vous offrir, du 13 au 15 septembre à l’Église Sainte-Barbe de Lasauvage, une expérience immersive inédite. Comme une ode à la nature et à leur héritage, les artistes vous invitent à ralentir le temps et à vous redécouvrir dans un espace où les récits du passé prennent vie.

Le projet La(rt) Sauvage

Durant plusieurs semaines, cet été, avec le soutien du Ministère de la Culture, la Ville de Differdange a mis à disposition d’artistes, de collectifs d’artistes et d’associations liées au domaine des arts visuels la majestueuse Église Sainte-Barbe de Lasauvage. Tous les week-ends, des créateurs émergents du Luxembourg ont pu présenter leurs œuvres au cœur de l’immensité architecturale de l’édifice. Leurs pratiques artistiques aussi diverses que variées réitèrent l’attachement de ce lieu aux arts et le transforment en un véritable point de convergence culturel où les arts visuels se confrontent et se mêlent. Au cœur de ce projet, une liberté créatrice inédite qui n’est pas sans rappeler une légende qui berce la ville de Lasauvage depuis le XVIIe siècle. Perçue comme une figure mystérieuse qui hante les forêts de la commune, La Sauvage est une femme à la chevelure indomptable et aux yeux rouges luisant dans la nuit. Ses dents acérées et ses griffes coupantes en font une créature inquiétante mais fascinante à l’origine de nombreux récits populaires. Dans ce contexte, les artistes invités emploient leurs médiums de prédilection pour transcrire la profondeur des traditions et des héritages, liant leurs propres expériences aux récits qui ont construit le Luxembourg et bercé ses habitants. Parmi les artistes exposés dans le cadre de La(rt) Sauvage, Alexandra Uppman et Viktoria Vanyi collaborent pour proposer un projet immersif imprégné d’un héritage commun, celui de deux artistes marquées par les contes folkloriques et les traditions liées à leurs origines.

Alexandra Uppman

Née en 1991, Alexandra Uppman est une artiste finlandaise et luxembourgeoise diplômée de l’École de recherche graphique de Bruxelles et détentrice d’une formation en sculpture à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Profondément attachée à la nature, son travail artistique puise ses sources dans la forêt nordique et les vastes espaces caractéristiques des paysages scandinaves. Chargées d’une certaine mélancolie, ses fresques immersives, dessinées au fusain selon une technique pointilliste, soulignent la connexion particulière qu’entretient l’artiste avec les territoires nordiques. Des fonds vides ou enneigés se détachent des formes botaniques précises et majestueuses, reflets du lien intime de l’artiste avec la nature. Accompagnées d’éléments d’artisanat et d’artéfacts, ses fresques deviennent de véritables environnements immersifs au cœur desquels des éléments sonores issus de la culture black métal des années 90 rappellent et réitèrent les considérations écologiques du genre. Transcription d’un héritage conflictuel, à la fois étranger et familier, les œuvres d’Alexandra Uppman se présentent comme une ode à la culture familiale et au foyer.

Viktoria Vanyi

Née en 1992 dans un petit village nommé Szamosújlak en Hongrie, Viktoria Vanyi déménage en 2011 au Luxembourg où elle vit et travaille aujourd’hui. Après une Licence en design industriel, elle débute un Master en design d’accessoires de mode à La Cambre à Bruxelles. Membre de l’Association des Artistes Plasticiens du Luxembourg (AAPL) et du DKollektiv à Dudelange, Viktoria Vanyi est une artiste aux multiples talents qui explore diverses pratiques artistiques. Alors qu’elle emploie la vidéo immersive dans son projet intitulé OPA, la sculpture et la modélisation 3D sont placées au premier plan lors de la création de son œuvre Artificialia. Au-delà de ses pratiques multiples, son langage artistique puise largement ses inspirations dans les histoires issues de son passé et dans l’éducation folklorique traditionnelle qu’elle a suivie durant son enfance. Empreinte d’une véritable sensibilité pour l’humain, sa production se charge d’une profondeur émotionnelle qui questionne l’identité, la mémoire et nos liens avec l’environnement.

Une collaboration sous le signe de la nature et des traditions

(c) Alexandra Uppman et Viktoria Vanyi

C’est lors de la Design Week organisée par l’Association des Artistes Plasticiens du Luxembourg en février 2024 que se rencontrent Alexandra Uppman et Viktoria Vanyi. D’emblée, leur attachement à des sujets communs et leurs thématiques de recherches proches les incitent à candidater comme un duo à l’appel à projet lancé par la Ville de Differdange. Le point de départ de leur projet s’annonce comme à un retour à leur héritage passé par le biais du folklore et des mythes. Abordé sous l’angle d’une relation intime à la nature, le travail collaboratif d’Alexandra Uppman et Viktoria Vanyi évoque leur guérison personnelle, entamée grâce à une reconnexion profonde à l’environnement. En outre, les deux artistes souhaitent par cette collaboration éveiller chez le spectateur un même sentiment, celui de revenir à un monde dorénavant passé, rythmé par des pratiques plus lentes et moins invasives sur les écosystèmes qui nous entourent.

(c) Alexandra Uppman et Viktoria Vanyi

Réalisée spécifiquement pour correspondre à l’architecture de l’Église Sainte-Barbe de Lasauvage, l’installation in situ des artistes s’engage dans un véritable dialogue avec l’édifice daté de la fin du XIXe siècle. Construite exclusivement avec des matériaux provenant de la commune de Lasauvage à l’instar du bois extrait des forêts environnantes, l’Église Sainte-Barbe se présente comme un espace de choix pour les créations du duo d’artistes. Le bois comme matériaux central des œuvres exposées fait non seulement écho à l’architecture du bâtiment, mais transcrit également la volonté des artistes de s’engager dans de nouvelles pratiques artistiques. Elles-mêmes  porteuses du souvenir, elles évoquent pour les artistes des événements en compagnie de leur famille ou renvoient à des moments de sérénité de leur passé. Dans ce contexte, le dialogue intergénérationnel établit entre la proposition artistique et l’édifice rappelle également les questions de transmission et d’héritage mises en lumière par l’exposition. Au centre des préoccupations, les histoires de famille des artistes traduisent l’ambiguïté et la beauté de leurs origines et se placent en symbiose avec la nature qui devient un élément essentiel à la réconciliation. Pensée comme un espace totalement immersif, l’exposition est parsemée de sculptures semblables à des antiquités mystérieuses et précieuses qui se mesurent à l’immensité de l’édifice. Parallèlement, des effets visuels et lumineux créent une rupture avec les codes classiques de présentation et révèlent une disposition propre à la conception des artistes. Grâce à la multiplicité des détails qui composent et se dissimulent dans l’installation, l’exposition devient un lieu propice à la déambulation où les sentiments de curiosité et d’émerveillement sont omniprésents. 

(c) Alexandra Uppman et Viktoria Vanyi

Pour Viktoria Vanyi et Alexandra Uppman, habituées toutes les deux à travailler seules, cette exposition marque la convergence de deux pratiques artistiques, à la fois si semblables et si différentes, en une seule et même œuvre. L’exposition révèle un véritable travail commun où le partage et les moments d’expérimentations deviennent les fils conducteurs des deux artistes en quête d’une nouvelle forme de liberté artistique.

 

Ainsi, les artistes vous invitent à découvrir leur exposition commune le 13 septembre de 15h00 à 19h00 et les 14 et 15 septembre de 11h00 à 19h00 à l’Église Sainte-Barbe de Lasauvage pour vivre une immersion dans un espace où la nature et la mémoire ont pris le dessus.