20 juil. 2023Le fabuleux destin de Miki
Franco-coréenne, Mikaela Duplay est fille du Luxembourg, vagabonde entre Londres, la Corée du Sud et finalement Paris, d’où elle s’exprime dorénavant par une musique transcendant la pop contemporaine. Façonné dans un esprit familial, ses amis, sœur, frère et cousines pour complices, depuis 2020, Miki produit sa musique dans un esprit Do It Yourself, revendiquant le second degré qu’elle infuse dans sa musique et l’univers visuel qui l’accompagne, jusqu’à aujourd’hui, en témoigne « 4X », titre éponyme de son prochain EP.
Un format court qui ne résiste pas au « savoir-faire Miki », prenant pour base, comme à son habitude, un brouillon d’accords ébauchés dans sa chambre, sur son synthé Nord Wave. Sa musique parle beaucoup d’amour, de celui qui échoue, celui impossible, loin, qu’on trompe, oublie, ou qu’on refoule… Un cadre narratif est nécessaire à la jeune artiste pour faire exister sa musique teintée en contraste de couleur et de joyeuseté. Miki danse sur des paroles malicieuses, un brin mignonnettes, tout en exploitant au maximum les codes pop alternatifs et sensuels qu’ont définitivement ancré des artistes stars telles que Rosalía, Charli XCX, ou encore Dua Lipa. Espiègle, la chanteuse n’en reste pas moins prodige, couplant à son rôle premier d’interprète de sa musique, celui de réalisatrice de ses clips. Rencontre avec l’une des nouvelles espoirs de la pop du pays, de l’infini et au-delà.
Nous avions découvert Mikaela il y a un certain temps autour de ses premiers sons DIY On my own, et A song 4 U, sortis il y a 3, ainsi que de son très court-métrage Devï : le commencement. Autrice-compositrice-interprète, vidéaste et réalisatrice, oscillant entre la musique et le cinéma, durant son encore jeune parcours artistique, ces deux registres artistiques se sont logiquement associés pour se compléter, « je fais de la musique depuis que j’ai 6 ans : entre le conservatoire de piano, les comédies musicales à l’école et les concerts improvisés à l’université, ça ne m’a jamais vraiment quitté, mais je ne voulais pas forcément en faire mon métier. En revanche j’ai étudié le cinéma pour devenir réalisatrice de film et j’ai toujours composé les musiques de mes films et, inversement, je réalisais et montais tous mes clips. Ce sont deux mondes qui se rejoignent naturellement. Le cinéma me demandait une discipline, et un effort plus important que la musique. J'ai rencontré peu à peu des personnes qui m'ont aidée à me concentrer sur la musique qui est devenue mon activité principale depuis un an et demi », explique la jeune artiste.
Il y a deux ans, elle sort Rules, un single super coloré et ensoleillé, pour ensuite travailler avec Studio Milton pour Sugar Rush et Anymore, deux titres d’une pop éthérée à l’allure rétro. Et puis arrive l’excellent Misunderstood, l’un de ses projets avec le producteur Lucas Simon, sur lequel elle joue entre le français et l’anglais – un jeu qui deviendra sa marque de fabrique – pour raconter une rupture amoureuse, dans une chanson qui scelle son style mêlant old school et contemporanéité, pop acidulée et chanson chaleureuse. Après plusieurs années à se chercher, Miki se définit aujourd’hui musicalement comme « une artiste pop électronique ». De recherches en expériences musicales, elle signe plus tard Dis, quand reviendras tu ? et She Don’t Want to Dance, deux titres très surprenants, qui éclate les scores d’audience sur les plateformes, produits avec le musicien français pop-folk Thomas Guerlet. Ancré dans un folklore pop rappelant Isabelle Pierre ou Françoise Hardy, elle tente un nouveau monde de sonorités pour rapidement revenir à ses amours électro-pop donc.
Avec son premier EP, titré 4X, Miki lance véritablement son projet musical, à un level pro disons, et ce, sous le parrainage du label parisien Structure, tenu par Yann Dernancourt et Pierre Cornet, « j’avais envie de proposer une palette de mon univers musical, un avant-goût de ce qui va suivre, allant de de la chanson pop classique à un morceau électronique avec très peu de paroles ».
Le 1er juillet dernier, Miki sort le clip de « 4X », chanson éponyme de son EP, qui s’accompagne, pour l’heure, des titres électro-pop Rêves, rêves, rêves, rêves… et Rêves encore. Ainsi, elle décline son univers musical en montrant une forme d’antinomie assumée, entre une sensualité sulfureuse à la Lolo Zouaï, et la douceur vocale rappelant une chanteuse telle qu’Angèle, tout en proposant une esthétique très travaillée à l’image de phénomènes francophones tels que Kalika ou Yoa.
Par sa musique et son esthétique visuelle, Miki se raconte elle-même, souvent en décalage avec le réel. « J'aime bien aborder des sujets personnels tout en téléportant mon audience dans mes univers surréalistes. J’ai une obsession pour les planètes et les mondes parallèles. Ces rêveries me procurent une paix intérieure. Mais je suis aussi fascinée par la frontière qui sépare le naïf du malsain, par l'ambiguïté, par les doubles sens et les doubles lectures. C'est très présent dans mes textes ».
Alors, après une dizaine de concerts entre Paris, Nantes, Charleroi, Luxembourg – Gudde Wëllen, USINA – dont une très belle date sous l’Escalier Uliège pour les Aralunaires à Arlon, elle enchaine récemment avec le Rooftop Molitor à Paris, et le Touquether Festival à Le Touquet, puis, pour être au Midi Festival de Hyères, le 23 juillet, ou encore aux Tropikantes de Paris, le 22 septembre. Une explosion littérale de son projet musical qui l’amène à espérer une jolie carrière sur les scènes de la musique pop, « j’ai un rapport presque égoïste à la scène aujourd’hui. Je n’ai plus peur de faire des erreurs ou des fausses notes, quand je me lance je me dis simplement “fais-toi kiffer“, que ce soit devant une salle vide au fin fond de la Belgique ou pour une Cigale remplie à Paris ».
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