Gaming : plus qu’un art, une industrie qui influence le monde de demain 1/2

23 fév. 2022
Gaming : plus qu’un art, une industrie qui influence le monde de demain 1/2

Article en Français
Auteur: Guylaine Bouquet-Hanus

Game art & design, métaverse, serious games, petit tour d’horizon

Première industrie culturelle mondiale, le secteur du jeu vidéo ne craint pas la crise et est en croissance constante en Europe. Comme toute forme d’art née avant lui, il se développe et s’insère dans le paysage culturel et économique à tous les niveaux. Offrant de belles opportunités professionnelles, il recouvre une très large palette de métiers d’avenir. Par ailleurs, la multiplication des terminaux et l’avènement des NFT contribuent à la croissance du secteur, qui se diversifie de plus en plus et plonge des communautés entières de joueurs dans une réalité virtuelle de plus en plus persistante. Aujourd'hui, on ne parle plus seulement des jeux sur consoles ou ordinateurs, mais aussi des jeux sur mobiles, cloud ou de serious games, ces applications informatiques pédagogiques alliant objectif sérieux et moyen ludique d’apprentissage.

Au Luxembourg, le Gouvernement a fait le choix, dès 2018, de parier sur ces professions créatives en confiant la mise en œuvre de plusieurs cursus liés au game art, design et programming au Lycée des Arts et Métiers. Un véritable succès pour ces filières qui captent la génération Z, celle-là même qui désigne ces jeunes aux portes de l’entreprise. Finalement, l’arrivée du métaverse, univers virtuel en 3D, représente aujourd’hui en quelque sorte le rêve inavoué de plusieurs générations de game designers : pouvoir créer une deuxième terre complètement virtuelle, pour s'évader de la vie quotidienne. Vous suivez ? Alors, explorons ensemble le sujet à travers cet article.

Focus sur quelques chiffres clés

D’après une étude publiée communément en 2021 par l’Interactive Software Federation of Europe (ISFE) et la European Games Developer Federation (EGDF), la pandémie de Covid-19 semble clairement avoir boosté l’industrie du gaming, toujours plus lucrative, avec des recettes en augmentation de 22 % entre 2019 et 2020. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats de cette étude impressionnent : en 2020, le secteur fournissait pas moins de 86 953 emplois à travers l’Europe pour un chiffre d’affaires de 23,3 milliards d’euros dans l’ensemble de l’UE et du Royaume-Uni !

extrait de la publication “Key facts 2020 – the year we played together”, ISFE & EGDF - Publication 2021. Il est intéressant d’observer que plus de 50 % des européens âgés de 6 à 64 ans sont des joueurs réguliers, et que l’âge moyen d’un joueur tourne autour des 31 ans. Les femmes représentent quant à elles 47 % des joueurs de jeux vidéo dans l’Union Européenne.

Extrait de la publication Key facts 2020 – the year we played together, ISFE & EGDF - Publication 2021. Il est intéressant d’observer que plus de 50 % des européens âgés de 6 à 64 ans sont des joueurs réguliers, et que l’âge moyen d’un joueur tourne autour des 31 ans. Les femmes représentent quant à elles 47 % des joueurs de jeux vidéo dans l’Union Européenne.

Game art & design : de quoi parle-t-on ?

Le game art, c’est l’art de concevoir les composantes artistiques et visuelles (personnages, décors, couleurs, textures de surface, backgrounds…) d’un jeu vidéo, mais aussi de développer du contenu visuel plus généralement en 3D à l’aide de logiciels spécialisés dans le but de l’intégrer dans le jeu lui-même. Le game artist est en ce sens un maillon essentiel de la production de l’univers graphique du jeu.

Par ailleurs, au-delà de l’univers graphique du jeu, le gameplay, c’est-à-dire l'intrigue et la façon dont on y joue, est déterminant pour tout joueur, car c’est comme cela qu’il plonge dans l’expérience du jeu, qui se veut addictive.

Entre alors en scène le game designer : il travaille sur la conception du gameplay qui regroupe tout le système de jeu, la modélisation des fonctions à utiliser et toute la mécanique d'interaction offerte au joueur (règles, situations, possibilités du joueur et contraintes challenges, interactions, histoire…).

Le game design est donc davantage tourné vers la conception et la narration interactive, qui intègrent des notions de psychologie du joueur. Pour cette raison, le game designer se doit d’entretenir une culture ludique et de développer ses capacités d’analyse pour pouvoir décortiquer divers systèmes de jeu. Sa mission est de traduire une idée, un concept ou bien un scénario en univers ludique, tout en respectant un cahier des charges dressé par le producteur du jeu, intégrant des contraintes de coûts et d’ordre marketing, qui définissent le public ciblé et les objectifs de rétention des joueurs.

Intégrer une école spécialisée au Luxembourg

Le Lycée des Arts et Métiers de Luxembourg propose depuis 2018 plusieurs BTS orientés vers la conception et la réalisation de jeux vidéo, également dans le cadre du serious gaming. Le serious game ou jeu sérieux est une application informatique qui associe un objectif sérieux (de manière non exhaustive : apprentissage, communication, information, etc.) avec un moyen ludique (inspiré des jeux vidéo et du monde du gaming…).

Le BTS Game Programming and Game Design est davantage axé sur le volet informatique, alors que le BTS Game Art and Game Design est plutôt axé sur le volet artistique. Pour autant, le juste dosage entre art et technique est toujours respecté.

Ces formations sont dispensées en anglais et incluent des périodes de stage en milieu professionnel ainsi que la participation à des événements professionnels. Au bout de deux ans, les étudiants peuvent directement intégrer le marché du travail ou poursuivre des études supérieures.

Installé dans les locaux du Lycée des Arts et Métiers, le TalentHub accueille en parallèle, depuis 2019, de jeunes entreprises actives dans le secteur éducatif et les met au contact quotidien tant des étudiants en BTS du lycée que des élèves de l'enseignement secondaire. Sont entre autres, organisés, en collaboration avec l’incubateur technologique Technoport, des hackathons autour du gaming.

: iStock Le game artist esquisse des conceptions préliminaires à la main puis leur donne vie en images de synthèse 2D ou 3D.

iStock. Le game artist esquisse des conceptions préliminaires à la main puis leur donne vie en images de synthèse 2D ou 3D.

Le gaming favorable à l’émergence des actifs numériques ?

Les jeux vidéo ont progressivement vu se développer autour d’eux des communautés virtuelles puissantes, qui ont donné de la valeur à des actifs numériques, qui in fine stimulent encore plus l’engagement des utilisateurs. C’est ainsi qu’à mesure que les pionniers de la technologie se concentrent sur la création de nouveaux mondes virtuels, appelés métaverses, des sous-produits numériques comme des NFT et des monnaies numériques voient le jour.

Au-delà de la monétisation, le métaverse va représenter d'énormes opportunités de travailler depuis chez soi, y compris pour les métiers du gaming. D’ailleurs, on peut aujourd’hui déjà jouer à certains jeux dits « play to earn » (jouer pour gagner) afin de gagner certains objets, certaines créatures ou compétences que l'on peut monnayer et revendre à prix fort à d'autres joueurs. C'est déjà le cas avec Axie Infinity – dont on vous avait parlé dans notre précédent article sur les NFT.

Pour autant, est-ce que cela peut être l'occasion idéale pour les cryptomonnaies d'étendre leurs usages ? Cela dépend des façons de monétiser le métaverse, qui pourrait aussi très bien ne s’axer que sur le placement de produits. En l'état actuel, et au vu des règlementations encore inexistantes, le plus probable serait qu'on ait une monnaie virtuelle indexée à de la monnaie bien réelle, si des actions de paiement se font dans des univers immersifs plus sophistiqués.

Le métaverse est-il l’avenir du gaming, ou l’inverse ?

Propulsé sur le devant de la scène ces derniers mois depuis l’intérêt de Facebook et son changement de nom pour Meta, le métaverse, nouveau buzzword, est pourtant un concept pas si nouveau, car bien connu dans l’industrie des jeux vidéo. Cette industrie lui a d’ailleurs fourni à ce jour sa plus grande application et aussi ses principales propriétés. Même s’il n’est pas correct de limiter le métaverse aux jeux vidéo, ces derniers l’ont fortement influencé. Le métaverse, terme issu de la science-fiction des années 1990 et pourtant censé signifier la jonction entre les mondes réel et virtuel, cet espace où la réalité augmentée vient en tant que soutien aux usages de la vie quotidienne.

Explications et perspectives dans la partie 2 de cet article, avec Mathias Keune, un entrepreneur local et amoureux du gaming, expert en réalité augmentée (AR) et réalité virtuelle (VR), qui est le premier à se lancer dans la grande aventure du métaverse au Luxembourg avec le projet-pilote The Duchy.

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