Dans sa vie, Marie Capesius cultive discrétion et rare élégance. Son approche de la photographie reflète l’intemporalité, incite à capter la poésie de l’insaisissable.

Les derniers projets de Marie Capesius « Héliopolis » et « Porte-Mémoire » ont rassemblé des clichés noir et blanc, des compositions à la force plastique affirmée mettant l’accent sur le graphisme et la matière et contrepoint de l’ivresse plasticienne de la couleur. Avec « Héliopolis », Marie Capesius a documenté, pendant plus de trois ans, le quotidien du premier village naturiste en Europe en allant à la rencontre de ses habitants. Des extraits de ses cahiers de notes, une projection photo, des enregistrements de sons de la nature sur l’île, ont laissé au spectateur la liberté d’interpréter ses découvertes au fil de l’exposition, sans parcours imposé, en ouvrant sur un horizon infini de réflexions. « Dans mon approche artistique et mode de recherche, commente la photographe, je pratique la « dérive » sur le terrain, inspiré du mouvement des situationnistes. Comment découvrir au-delà de ce qu’on peut voir et ressentir ce que l’on perçoit ? Comment se reconnecter à ses sens, écouter, toucher, sentir, être en accord avec un lieu, une situation, un moment, afin d’ouvrir ses champs de perceptions ? ».

La série « Porte-Mémoire » est centrée autour de ces habits « qui transcrivent des histoires, nos histoires, mélangées, enfilées, défilées, raccommodées, coloriées… Et avec le temps qui passe, les mailles s’effacent…Et les trous de mémoires dans la trame de notre histoire s’incrustent… ». En écrivant un poème pour illustrer cette série, Marie Capesius a opéré comme une forme de cadrage particulier, en un jeu présence-absence, pour laisser percevoir l’en-dehors du cadre. « Au-delà de ce que l’on peut percevoir d’une photo, qu’est-ce que l’on ressent ? Ces fragments de texte, ces sons que j’incorpore dans mes projets vont au-delà d’une description. La série « Porte-Mémoire » parle de ces habits qui ont tissé le fil de mon histoire… ces habits portés par ma famille… qui de fil en aiguille ont tissé ma réalité » Cacher et donner à voir, apparaître ou disparaître, c’est ce qui s’inscrit dans la ligne claire des clichés de la photographe et stimule l’imaginaire du spectateur.

Tout comme la série « Porte-Mémoire » questionne les vêtements en tant que porteur d’histoires, de mémoires, la série « Varvakis » interroge le thème des origines avec une vidéo de cinq minutes, composée d’images et de sons enregistrés à Athènes. Elle concrétise les recherches de la photographe sur son ancêtre Varvakis. « Je travaille à une intégration de mes images dans une vidéo pour raconter une histoire. Des collages sonores avec cinq à six sons différents, c’est comme aspirer cet ascendant dans mon univers. »

Bio express : Marie Capesius (*1989, France) vit et travaille en tant qu'artiste au Luxembourg. Elle est diplômée de l'école de photographie Ostkreuz à Berlin et travaille avec la photographie argentique, la vidéo, le texte, la musique et la performance.