Une année pleine de surprises et de très beaux projets

20 déc. 2022
Une année pleine de surprises et de très beaux projets

Article en Français
Auteur: Pablo Chimienti

Esch2022 Capitale européenne de la Culture touche à sa fin. Nous nous sommes entretenus avec Nancy Braun, la directrice générale, pour un premier bilan de cette troisième année culturelle grand-ducale.

Comment se sent-on à quelques jours de la fin de cette longue année 2022 ?

Nancy Braun : Il y a différents sentiments qui surgissent en ce moment. D’un côté, on a encore quelques jours pour finaliser la préparation de ce dernier grand événement que nous organisons nous-même en tant que structure ce mercredi. D’après les sondages, le public qui a participé aux événements d’Esch 2022 a toujours passé un très bon moment, on veut donc finir en beauté. Après, c’est clairement aussi le moment où on se dit « ouf ». C’est dix mois de travail intense depuis l’ouverture – et bien plus pour la plupart des membres de l’équipe –, pour finaliser un vaste programme, c’est donc aussi un soulagement. Ça a été très intense depuis 2018, en fait, d’autant plus que toute la préparation a été bouleversée par le confinement et la pandémie, ceux qui n’a certainement pas aidé, mais finalement on a tous bien travaillé, on a proposé une année pleine de surprises et de très beaux projets qui vont certainement perdurer dans le temps. Enfin, je suis très curieuse de voir comment le tout va évoluer après 2022. Je dis toujours que cette année Capitale européenne de la Culture est une sorte d’introduction d’un grand livre, d’une histoire qui reste à écrire et qui doit se développer désormais dans le temps. J’attends donc de voir comment les responsabilités seront prises par nos partenaires pour écrire cette très belle histoire.

Opening
Soirée d'ouverture © Claude Piscitelli

Vous venez de remonter jusqu’en 2018, difficile, du coup, de ne pas rappeler que votre prise de fonction a eu lieu après un certain nombre de remous et la mise à l’écart de la précédente direction artistique. Après ces agitations initiales, tout s’est bien passé de votre côté ?

Oui, heureusement on a réussi, avec tous les partenaires et une nouvelle équipe qui s’est construite très rapidement à partir de début 2019, à réagir très rapidement pour rattraper quelques retards. On a très rapidement réussi à monter un projet et, malgré pas mal de critique de la part des médias, je pense que, avec nos partenaires, on a quand-même réussi à monter un projet d’envergure qui va certainement créer un impact à long terme. Il n’y a pas eu que des communes ou une région qui ont soutenu des projets, mais tout un tas d’institutions, d’associations, d’artistes et de bénévoles qui étaient là et qui ont fait en sorte qu’Esch2022 ne reste pas seulement une belle idée, mais devienne un réel projet pour cette année et pour le futur. On a réussi à rendre les gens curieux, à faire en sorte qu’ils viennent voir, mais aussi participent activement à tout ce projet.

« It’s going to be a party! »

Avant de parler de l’après 2022, parlons de cette dernière grande soirée, ce mercredi 21 décembre intitulée « Rewind – Play – Forward »…

… yes, it’s going to be a party!...

… que pouvez-vous nous dévoiler de cette « party » ?

Déjà il faut dire que c’est une fête ouverte à tous. Toute personne qui veut y participer est la bienvenue. Ça vaut pour les personnes qui ont adhéré au projet, qui ont participé à plusieurs manifestations, mais aussi à ce qui n’ont pas encore participé aux événements d’Esch2022 ; il n’est jamais trop tard ! La soirée, dont l’entrée est gratuite, est divisée en trois parties. La première c’est le « Rewind », une sorte de rétrospective des 10 mois d’Esch2022. Il y aura donc des « sessions », c’est à dire douze petites tables-rondes sur douze sujets importants de cette Capitale européenne de la culture. Différents projets qui ont traités chaque sujet seront donc mentionnés ; bien évidemment on ne pourra pas reprendre les 160 projets, mais on fera différents focus. Il y aura trois blocs de « sessions » et entre chaque bloc, il y en aura une intervention de Future Frequencies, l’ensemble musical qui s’est créé spécialement pour l’ouverture d’Esch2022 en février. Il y aura aussi de la danse aérienne et une chorégraphie de drones, ce qui est très nouveau pour Luxembourg. Le tout dans la Rockhal, dans un espace avec un son immersif, là aussi, pas encore connu au Luxembourg. Ce sera donc assez spectaculaire. Vient ensuite « Play » avec différents concerts, toujours à la Rockhal. Des projets qui ont vu le jour pour Esch2022 et qui ont très bien fonctionnée. On va commencer avec un apéro littéraire dans l’espace Floor, puis dans le Main Hall, il y aura le groupe BELONG en collaboration avec Altercadance et la Capoeira Team Luxembourg, enfin, dans l’espace Club il y aura La Jungle, un grand projet de pop-rock-électro réalisé avec l’Institut Médico Éducatif d’Aumetz. Bref, il va y avoir de la musique, du bruit, beaucoup de gens, mais aussi des espaces plus intimes. Pour finir, on va tous aller, à partir de 23 h – avec des navettes gratuites mises à disposition – à l’Arche à Villerupt où il y aura 4 DJ sets : Miss Sappho, La Creole, Bernadette et La Zintrie jusqu’à 3 heures du matin. Bien évidemment les expositions à la Massenoire et à la Möllerie seront également ouvertes jusqu’à 22h et le Bus Time Travel circulera dans Belval de 17 h à 22 h pour un voyage en réalité virtuelle.

« En regardant vers le passé, on regardera également vers le futur »

Quid du « Forward » ?

 Le « Forward » est en fait présent en même temps que le « Rewind ». En regardant vers le passé, on regardera également vers le futur et mentionner à chaque fois ce qui va rester après 2022.

Alors, justement, certaines installations et expositions vont se poursuivre tout au long de 2023, une fresque numérique et un circuit de sculptures sont même prévus jusqu’en 2027. Mais à part ça, que va-t-il rester de cette capitale européenne ?

Si on regarde tout ce qui s’est passé dans la région, il y a différents espaces qui ont été créés, activés ou réactivés. Il y a quinze nouveaux lieux qui ont été créés en 2022. Rien qu’à Esch, il y a eu la Konschthal avec cet ancien magasin de meubles qui est devenu un lieu d’exposition, l’Ariston, l’ancien cinéma qui est devenu une salle supplémentaire pour le théâtre pour jeunes et enfants, il y a le Bridderhaus qui est devenu une résidence d’artistes, etc. Hors Esch, il y a L’Arche à Villerupt, mais aussi l’espace Spektrum à Rumelange, pour ne citer que ceux-là. Après il y a beaucoup de projets qui vont perdurer. On sait déjà que, après Usina22, il y aura, toujours à Dudelange, un Usina23. Le LiteraTour à Bettembourg s’est ouvert à l’Europe en cette année et va désormais garder ce nouveau format pour l’avenir etc. La liste des héritages que laissera Esch2022 est, en fait, assez longue.

Vous disiez plus tôt que le public a bien répondu aux propositions d’Esch2022, que selon les questionnaires il s’est dit heureux, etc. On a quand-même l’impression que certaines personnes sont restées totalement impassibles face aux propositions de la Capitale européenne. Est-ce que Esch2022 a manqué de grands événements populaires ?

Certainement pas. Dès l’ouverture et encore sous restrictions sanitaires on a organisé un grand événement populaire. 18 000 personnes y ont participé plus 14 000 personnes qui ont suivi la manifestation en digital car elle ne pouvaient pas se déplacer, ou ne voulaient pas le faire vue la situation sanitaire. Ça fait 32 000 personnes qui ont participé au lancement de la Capitale européenne de la Culture, c’est énorme. Du jamais vu au Luxembourg. Et ce n’est pas tout, il y a aussi eu, par exemple, le Festival de feu à Käerjeng, un tout nouveau projet, qui va lui aussi certainement perdurer, qui a attiré 5 000 personnes dans un village de 500 personnes. C’est remarquable !

Festival de feu
Festival de feu © Claude Piscitelli

« On n’a aucun regret à avoir par rapport aux projets choisis »

Mais, les anciens se souviennent tous du concert des Rolling Stones au Kirchberg pendant la Capitale européenne de 1995. Là, il n’y a pas eu de concert des Stones…

…Certes, mais on a eu un festival open air a Belval avec des grands noms (NDLR : The Killers, Imagine Dragons, Black Eyed Peas…) ou encore Usina22 à Dudelange avec également un headliner important (Kings of Leon). Ce n’est pas rien non plus.

Donc, pour vous, tout s’est bien passé.

Oui.

Avez-vous un regret par rapport à cette Capitale européenne de la culture ?

Je pense qu’on n’a aucun regret à avoir par rapport aux projets choisis. Le seul regret, peut-être, c’est vis-à-vis des gens qui n’ont pas pu prendre part à ces projets, car ils ont raté des moments forts et des expériences hors du commun.

Il y a eu Luxembourg 95, Luxembourg et Grande Région 2007 – capitale de la Culture pour laquelle vous étiez déjà coordinatrice générale adjointe – et désormais Esch2022. Quelle place pensez-vous gardera cette année culturelle qui prend fin ?

(Elle réfléchit longtemps)… C’est une bonne question. Cette capitale culturelle a fait que chacun a pu faire sa propre découverte d’une ville, d’une région ; une région très riche et variée. J’espère que les gens vont garder cette idée qu’ils ont participé, activement, à plein d’événements intéressants. Ils ont pu, pas seulement passer un bon moment, mais vraiment faire partie d’un grand projet. J’espère qu’ils vont garder ce souvenir pendant toute leur vie. Après, si on veut comparer, on peut se poser la question sur ce qu’est resté de 2007 ; je pense que le travail sur la Grande Région n’a pas vraiment fonctionné. Il n’y a pas grand-chose qui est resté à ce niveau-là. Je pense qu’Esch2022 devrait mieux réussir sur cet aspect-là parce que la région avec laquelle on travaille est beaucoup plus petite, ce qui fait que avec la CCPHVA (Communauté de communes Pays Haut Val d’Alzette) les liens sont plus proches et que les échanges et le travail sur le terrain sont beaucoup plus denses et riches qu’en 2007. J’espère vraiment que tout ce qu’on a mis en place à ce niveau également, va aussi perdurer dans le temps. Nous, en tout cas, on a posé les bases, aux partenaires maintenant de faire en sorte qu’elles se développent au-delà de 2022.

Et d’un point de vue personnel, de quoi est fait votre futur ?

Je n’en ai aucune idée. Toute l’année prochaine on va encore travailler sur des rapports, des études, etc… Mon aventure Esch2022 ne se terminera, normalement, que fin 2023 ; ce qui fait que c’est encore beaucoup trop tôt pour penser à la suite. Je suis encore en plein dans ce projet qui pour moi n’est pas du tout terminé. Je n’ai pas encore la tête pour penser à un nouveau défi pour l’après 2023.

« Rewind – Play – Forward », ce mercredi 21 décembre à partir de 17 h.

https://esch2022.lu

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