Ma vie sous les tentes - Jeff Schinker

07 avr. 2023
Ma vie sous les tentes - Jeff Schinker

Article en Français
Auteur: Godefroy Gordet

Jeff Schinker est diplômé en 2009 d’un master en littérature comparée. Si la chose a de quoi impressionner, le type n’en est pas pour autant « égo-tripé ».

La littérature habite complètement le luxembourgeois. Bien qu’elle ne puisse le nourrir, il vogue ailleurs, en tant que journaliste indépendant sillonnant les rédactions jusqu’en 2017, pour devenir rédacteur et responsable des pages culturelles du quotidien luxembourgeois Tageblatt.

Officiant parfois sous le pseudonyme d’Albert Moindre pour des projets plus « souterrains », tel que les soirées de lectures des « Désœuvrés », ou en face des Frères Grimm pour Rabonzel dans la programmation des Théâtres de la ville de Luxembourg, Jeff Schinker compte aujourd’hui trois ouvrages édités en son nom, outre de nombreuses participations à diverses publications en parallèle.

Et comme pour son précédent roman Sabotage (2018), Ma vie sous les tentes, paru en 2021, fait l’objet de nombreuses nominations et notamment, cette année, au prestigieux European Union Prize for Literature.

L’occasion de revenir sur ce récit un brin déjanté, assez fin, et surtout très personnel pour son signataire.

Jeff Schinker - Ma vie sous les tentes

Au fil des années et de ton parcours, tu t’es constitué de multiples identités. Il y a le Jeff Schinker universitaire, romancier, journaliste, ou encore dramaturge… Aujourd’hui, au regard de la légitimité que tu trouves en tant qu’auteur, sous tous ces genres-là, comment te présentes-tu « au monde » ?

Je pense que toutes ces différentes casquettes ou identités se nourrissent l’une l’autre, parce qu’elles émergent d’un noyau, d’une matrice commune, qui est la passion pour la culture et pour l’écriture. Bien que de nature fondamentalement différente, l’écriture journalistique et littéraire peuvent s’inspirer – que cela soit, pour l’écriture journalistique, dans des recensions, où j’essaie souvent de pratiquer un style plus littéraire, dans l’écriture de portraits, où une formation romanesque peut être utile ou qu’au contraire, ma pratique d’écrivain soit informée par celle de mon alter ego journalistique. Il en sera ainsi dans mon prochain roman, où des expériences et anecdotes cumulées au cours de mes années de rédacteur au Tageblatt réapparaîtront sous le manteau de la fiction, mais pour lequel j’ai également adopté une méthode de travail plus journalistique, avec des entretiens enregistrés et retranscrits en amont. Pour l’organisation de nos Désoeuvrés, je me vois plutôt comme fédérateur de jeunes voix – je suis content qu’un bon nombre de jeunes voix émergentes qui ont fait leurs premiers pas dans cette série de lectures underground figurent aujourd’hui parmi les jeunes écrivains et écrivaines prometteur·euse·s de la nouvelle génération d’auteurs du pays.

Par contre, je sais qu’il y a des gens qui, dans tout cet emmêlement d’identités, voudraient que je trace des frontières indélébiles – que je me décide pour un rôle au détriment d’un autre, parce que ça gêne que je sois critique mais m’entende très bien avec maints acteurs et actrices, avec qui il m’arrive de travailler. Tant que je respecte ma propre déontologie, je trouve que c’est une joie que de ne pas rester confiné dans un seul rôle. Quand une pièce me déplaît, je dirai toujours qu’elle m’a déplu et pourquoi, peu importe que des amis aient joué dedans ou que le fait de fâcher des metteurs en scène ou directeurs de théâtre (ce sont par ailleurs quasiment toujours des hommes qui le prennent mal et qui boudent) me ferme telle ou telle porte dans tel ou tel théâtre.

Rimbaud disait : Je est un autre. J’ajouterai : Plusieurs autres, même.

Logiquement, après ton master, tu t’étais lancé dans l’écriture d’une thèse en littératures comparées baptisée : « les mondes (im)possibles du roman contemporain ». En quoi cette recherche est-elle – encore – présente dans ton travail d’écrivain ?

Je viens de me rendre compte que j’avais omis de prendre en considération le volet académique dans ta question précédente, voilà qui me permet d’y remédier. Cette recherche, aboutie, même si ma thèse n’a pas été défendue, imprègne toute mon écriture, d’un parce que les romanciers dont j’y analyse le travail – Kazuo Ishiguro, Thomas Pynchon, Éric Chevillard et Antoine Volodine – sont des auteurs qui m’ont non seulement inspiré mais bien plutôt façonné mon identité d’écrivain, de deux parce que la recherche que j’y menais sur la façon de construire et de déconstruire des univers de fiction, les réflexions que j’y faisais sur les mondes possibles sont des sujets qui se reflètent dans mon écriture. Pourquoi vit-on cette vie plutôt qu’une autre ? Quel part de hasard, quelle part de responsabilité y a-t-il ? Et si d’autres vies sont toujours comme à portée de main, bien souvent sans qu’on les saisisse, c’est la fiction qui permet d’explorer ces existences possibles laissés en jachère.

Après Retrouvailles en 2015, et Sabotage en 2018, un recueil de nouvelles écrit dans les quatre langues maitresses du Luxembourg, façon tour de Babel sauce luxembourgeoise, et shortlisté pour le Prix Servais de littérature, le Prix luxembourgeois du livre et le Prix européen de littérature, en octobre 2021, tu sors Ma vie sous les tentes, au sortir de la pandémie – si l’on considère sa fin quelque part –. Ma vie sous les tentes se décrit comme un récit auto-fictif. Ainsi, suite au contexte savoureusement dramatique que l’on a vécu sous le courroux de la pandémie, y avait-il urgence pour toi à faire lire et entendre ce nouvel ouvrage, et t’était-il cathartique en quelque sorte ?

Tu es le premier à me poser la question, alors que c’est en effet quelque chose qui a complètement affecté le livre au sens que je venais d’en corriger le premier jet quand la pandémie est arrivée. Tout l’optimisme que comportait ce roman fut tout d’un coup bafoué par l’arrivée d’un virus qui mettait à mal le monde de la musique et des festivals. Car dans ce récit dystopique autour de l’effondrement d’un monde qu’est Ma Vie sous les tentes, la seule chose qui y subsiste encore, ce sont les festivals. Je me retrouvais alors avec, sur mes bras, une dystopie fictionnelle où le monde s’effondre mais où il y a encore la liberté des festivals estivaliers, enclave utopique qui permet aux personnages qui le peuplent de tenir le coup, et une dystopie bien réelle, que nous contemplions depuis nos balcons, nos yeux vissés sur un monde désert, muet, nos corps confinés, avec une interdiction de voir nos amis et l’impossibilité de se rendre à des festivals. Alors, je me demandais s’il fallait l’inclure dans le roman, cette pandémie, s’il fallait l’évoquer ou non – le roman se déroulant en 2029, la supprimer aurait signifié faire une entorse à notre histoire, à faire basculer le roman dans ce qu’on appelle l’uchronie. Je me suis finalement décidé contre l’enchâssement de la pandémie dans le roman – car je me disais que les concerts et les festivals allaient revenir, devaient revenir, et que, malgré des conséquences économiques désastreuses pour le monde de l’événementiel, on préférera oublier bien vite ces années muettes. Et il se trouve que, heureusement, j’avais raison. Il y avait donc bien quelque chose d’urgent, de cathartique à sortir un livre sur les festivals en automne 2021, alors que le monde de la musique live ne s’était pas encore du tout remis de la pandémie.

Construit comme une sorte de journal de bord, Ma vie sous les tentes narre une expérience de voyage « tantôt incroyable, tantôt ridicule », ou le temps s’étire à l’image de phrases parfois interminables que tu orchestres au rythme de virgules, placées entre les idées telles des gorgées de bières, chapitré dans un découpage en chansons, jusqu’à pousser jusqu’à une « Ghost Tracks » – symbole d’une génération bien spécifique de mélomanes –, tout cela illustré par les dessins d'Alasdair Reinert… Cet ouvrage ne se veut clairement pas dans la tradition, au contraire on y ressent toutes tes personnalités d’auteur(s) au sens large, il y a le journaliste récitant au 1er degré, à la Hunter S. Thompson ou Tom Wolfe, le fanatique de musique qui force son lecteur à écouter ses « injonctions musicales » et le nouvelliste pur, questionnant le néo-capitalisme, pour finir à écrire ce texte, dans sa tente, loin des villes. Comment de l’ivresse éthylique et musicale en arrives-tu à cette ligne quasi philosophique ?

Tout simplement parce que ce livre est au plus près de ce que je suis, moi. S’il est à la fois ridicule – en Luxembourgeois, on dirait topeg, c’est un adjectif que j’affectionne beaucoup – et profondément triste, s’il est aussi foisonnant que digressif, s’il est anecdotique et philosophique, c’est parce qu’il parle de ma vie, c’est parce que j’y ai mis toute ma colère contre le néolibéralisme qui nous écrase, contre ceux qui veulent qu’on aille travailler jusqu’à ce qu’on en crève, contre la marchandisation rampante du monde contemporain, sa laideur, mais aussi toute mon admiration et ma tendresse pour ceux et celles qui refusent de s’y soumettre. Qu’on aille manifester ou qu’on refuse de le prendre trop au sérieux, le système, en cherchant des modes de vie alternatifs, en ne se laissant pas trop enserrer dans ses mailles, il y a de la beauté et de la poésie dans le plus petit acte de révolte. Sinon, pour l’explosion des et le jeu avec les formes, je le fais à la fois pour ne pas me lasser – le roman contemporain m’est souvent très ennuyeux, et exploite environ 0,69 pourcent de toutes les potentialités narratives que la forme romanesque peut receler – et parce que je pense que, pour rendre compte de nos vies éclatées d’aujourd’hui, la forme doit l’être elle aussi, éclatée. Enfin, pour les phrases longues, j’adore les défis qu’elles posent, les questions de rythme – et je pense qu’elles sont bien plus près de la façon dont nous pensons. Notre pensée n’est pas linéaire, elle ne se concentre pas sur un sujet unique – nos vies mêmes sont digressives, surtout aujourd’hui où on a tous 131 onglets d’ouvert en permanence sur nos téléphones, nos ordinateurs et dans nos cerveaux.

Dans Ma vie sous les tentes tu parles de toi, ou prends ton vécu pour matière, pour mettre en scène une bande d’amis sillonnant l’Europe de festival en festival, de campement en campement, de tente en tente, de playlist en playlist, tout en lâchant au lecteur une vision cynique du monde. À l’image des mots de Borges tirés de Le Livre de Sable, que tu cites au début de ton ouvrage, « … j’écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps », et bien sûr de ton lumineux paragraphe, « l’amitié est, à l’instar de l’amour, dont elle ne se distingue pas vraiment, une déflagration, une pétillance, un réinvestissement du réel par des personnes qui s’en bricolent un monde rien qu’à eux. Elle est à proprement parler artistique car elle transcende, à travers les histoires qu’on se raconte et qu’on vit, la réalité, elle se fout des lois du réel car elle se construit une législation bien à elle, dans un paysage de fiction. Elle est toujours hors la loi, raison pour laquelle, entre amis, on s’amuse tellement à la défier, la loi, à la saccager autant que faire se peut. En cela, elle est le dernier vestige d’une révolution que plus personne n’espère ». Ce récit c’est aussi une ode à l’amitié, aux amis, ceux qui nous connaissent trop et avec qui on « défie la loi » ?

Oui. J’ai constaté à un moment qu’il y a presqu’autant de romans sur l’amour qu’il y a de romans, alors qu’ils sont assez peu nombreux à parler d’amitié. Dans bien des fictions – c’est encore plus souvent le cas dans des films ou des séries mainstream –, l’ami·e sert souvent à gérer les problèmes de cœur du personnage principal – il ou elle se contente d’un rôle d’adjuvant·e, de faire-valoir pour le récit amoureux. C’est, peut-être, parce que les amitiés sont souvent plus stables que les relations amoureuses, qui traversent des crises, des impasses, qui éclatent, finissent – il est, d’un point de vue narratif, donc plus intéressant de parler de cela, même si, là encore, il y a des hauts et des bas en amitié. Ma vie sous les tentes se veut en effet comme une ode à l’amitié – il y a quelques semaines, Geoffroy de Lagasnerie a publié un manifeste pour l’amitié dans lequel il affirme que le fait de poser l’amitié au-dessus de la famille ou de son couple est devenu un acte radical. C’est un peu ce dont mon roman fait la démonstration.

Déjà présélectionné pour le Prix Servais en 2022 – prix remis à Guy Helminger pour son roman Lärm –, ton ouvrage Ma vie sous les tentes est cette année nommé au European Union Prize for Literature (comme l’avait-été précédemment Sabotage). L’European Union Prize for Literature (EUPL) récompense les écrivains de fiction émergents de l’Union européenne et d’ailleurs. S’adressant aux 41 pays participant au programme « Creative Europe » de l’Union européenne, le prix récompense 41 nouveaux talents littéraires exceptionnels sur un cycle de trois ans. Quel est l’enjeu d’une telle nomination pour toi personnellement, pour ta carrière d’auteur évidemment mais aussi pour la littérature de façon générale ?

L’enjeu, pour ma carrière, c’est évidemment l’éternelle question de la visibilité – ou plutôt de son manque – de la littérature luxembourgeoise à l’étranger, ou même ici au grand-duché même. Une telle nomination a souvent pour effet que le livre choisi intéresse des maisons d’édition étrangères, que des traductions se font. En principe, une telle nomination devrait booster aussi les ventes au Luxembourg – ailleurs, une nomination sur une shortlist s’accompagne de petites banderoles et les livres se retrouvent sur des présentoirs. Ici, comme toujours, on ne trouve quasiment rien de tout cela. Les éditeurs n’ont souvent pas les moyens financiers, ou humains, de produire de telles banderoles, et les librairies ne sont souvent pas du tout au courant ou s’en foutent, de sorte que rien ne se passe. Sur les réseaux, c’est la même chose : on récolte 300 likes, car il est plus simple de manifester son intérêt en cliquant sur une icône que d’aller en librairie et d’acheter le livre. Quant à le lire – c’est encore une autre histoire. Pour ne pas paraître trop grincheux ou cynique, je dirai néanmoins que de tels prix sont importants, même si je ne vois pas la littérature comme une compétition – si j’aimais ça, j’aurais fait du sport – et qu’il me paraît a priori difficile de comparer entre eux treize livres en provenance de treize pays différents. Mais comme le chantèrent les Kaiser Chiefs en 2005 : Love’s not a competition/But I’m winning : même sans avoir l’esprit compétitif, on est toujours content de remporter un prix, parce que de telles mentions donnent de la visibilité et permettent de développer sa carrière au-delà du Luxembourg, dont le marché est trop petit pour qu’on puisse espérer ne serait-ce que survivre de son écriture : si je calcule ce que j’ai touché avec les ventes de mon livre et le divise par le nombre de mois passés à l’écrire, j’en viens à quelque chose comme un revenu mensuel de 50 euros. L’EUPL a l’avantage de montrer qu’il y a une littérature européenne et de faire découvrir ou bien des auteurs et autrices plus inconnus de pays dont on connaît pourtant la littérature, ou alors des auteurs et autrices de pays dont on connaît mal la littérature, le Luxembourg se rangeant évidemment dans cette dernière catégorie. J’ai d’ailleurs hâte de découvrir l’œuvre des auteurs et autrices sur la shortlist.

En 2022, tu as obtenu un Kultur | lx-scholarship, et cette année, tu seras l'écrivain luxembourgeois en résidence à la prestigieuse Literarisches Colloquium de Berlin. Une résidence à laquelle tu as déjà participé en 2016 dans le cadre d’une bourse de démarrage de l’œuvre de la Grande-Duchesse Charlotte, et pour laquelle aujourd’hui tu souhaites traiter « les histoires d’émigration ». Tu peux nous parler de cette nouvelle recherche et en quoi cette résidence pourra lui offrir pertinence ?

Sans vouloir trop en dire – car sinon, cette interview sera encore plus longue qu’elle ne l’est déjà – mon futur projet parlera de deux choses : du retour au pays d’un metteur en scène qui, ayant fait ses armes à l’étranger – à Berlin, pour être plus précis – et qui, parce que sa vie berlinoise a terminé en une impasse, décide de retourner au bercail où on lui propose de reprendre le poste d’un directeur de théâtre sortant et de l’histoire, fictionnalisée, de mon grand-oncle qui, à l’âge de 22 ans, au début des années 1950, a décidé d’émigrer à Montréal, où il a alors mené une vie aux antipodes des valeurs familiales inoculées – il venait d’une famille luxembourgeoise installée dans un village mosellan, très férue de traditions chrétiennes. À Montréal, il fut d’abord imprimeur, puis masseur, puis gardien d’hôtel, puis propriétaire d’une boîte de nuit, enfin manager d’une chanteuse de gospel avec qui il retourna en Europe où il organisa des tournées de concert. Au départ, il y avait seulement l’intrigue autour de mon metteur en scène, qui me permettra de parler de ce que je connais le mieux – le milieu culturel du pays, son étroitesse parfois, les ragots qui ruinent vos vies, mais aussi les êtres touchants et sensibles qui le parcourent. Très vite, j’ai constaté que le risque que ça se termine en roman à clé était on ne peut plus grand. J’ai alors, par hasard, à la triste occasion d’un enterrement, rencontré mon grand-oncle, que je connaissais un peu mais en fin de compte assez mal, et qui, au cours du repas qui suivait la messe, a commencé à évoquer sa vie, qui m’a vite fascinée, notamment parce que, si la littérature luxembourgeoise est riche en histoires d’immigration, elle est assez pauvre en histoires d’émigration. Personnellement, je ne connais que le roman d’une émigration ratée, à savoir Neubrasilien de Guy Helminger. J’ai été voir mon grand-oncle à la Fondation Pescatore, où il vit à présent, et, pendant de longues heures, il m’a raconté sa vie et répondu à mes questions avec une patience et une précision impressionnante. Du coup, pour entremêler histoire de vie et fiction, retour au et départ du bercail, pour rythmer le roman selon le mouvement d’un essuie-glace, j’y entrecroise les deux destinées, l’une fictionnelle, l’autre réelle. Comme il s’agira d’un projet de longue haleine, je sais que je ne pourrai pas l’écrire en dehors de mes heures de travail pour le journal – surtout parce que les rédactions culturelles du pays étant tout le temps en sous-effectifs, ce temps libre a tendance à se réduire comme peau de chagrin. Je suis donc très content qu’on m’ait octroyé cette bourse, qui, espérons-le, me permettra d’avancer dans ce projet.

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