15 nov. 2021Interview avec Sérgio Manique Jr.
Sérgio Manique Jr., jeune batteur, arrangeur et producteur de musique basé à Los Angeles, a déjà eu la possibilité de monter sur scène avec de grands artistes internationaux et de jouer dans des festivals tels que Lollapalooza. Parti aux États-Unis il y a cinq ans pour élargir ses horizons dans la musique, l’artiste est de retour au Luxembourg où il entend bien s’établir dans le milieu musical.
Qu’est-ce qui t’a amené à faire de la musique ?
J’ai commencé à faire de la musique quand j’avais 11 ans. Je n’ai pas démarré d’une manière conventionnelle, c’était à l’église où on a créé une académie de musique. À 11 ans j’ai commencé la batterie et entre 12 et 13 ans j’ai suivi des cours privés avant d’acheter ma première batterie. De 13 à 16 ans j’ai eu des cours au conservatoire, ce qui ne m’as pas trop plu, parce que c’était un enseignement trop traditionnel et orienté vers la musique classique et le jazz et moi je voulais faire de la musique urbaine, du pop, du R&B, du funk. Mais ça a été une bonne expérience parce que ça m’a aidé pour les bases.
Il y a quelqu’un en particulier qui t’a inspiré à faire de la musique ?
Oui, mon premier instructeur de batterie, Paulo. On est devenu de grands amis et je travaille encore avec lui, je viens de produire son dernier EP. Paulo a été ma première référence pour la batterie et la musique. J’ai beaucoup appris avec lui. Quand j’avais 16 ou 17 ans on a formé notre premier groupe de musique qui s’appelait Rock Sound, avec d’autres jeunes de l’église. Et à 17 ans nous avons fait notre premier album studio. Nous avons joué au festival Food For Your Senses ici au Luxembourg et on a fait une apparition au Dance Club sur RTL. On a fait plein de petits concerts au Luxembourg et même au Portugal.
Quel est ton processus créatif ?
Cela peut varier, ce n’est jamais le même processus. Quand je travaille avec Paulo, il m'envoie des démos où il joue de la guitare et moi je transforme cette démo en une vraie chanson avec la batterie ou le piano. Si je parts de rien, je commence avec une simple mélodie, quelques accords pour que l’artiste puisse commencer à écrire la chanson. Un autre processus que j'utilise pour les chansons hip-hop, c’est de commencer avec la batterie et après rajouter une ligne de basse et une mélodie.
Sergio Manique Jr. et Jordan Meek, photo © Andres Milan
Où est-ce que tu trouves ton inspiration ?
Tout artiste trouve son inspiration dans son expérience et l’endroit, le moment dans lequel on se trouve joue également un grand rôle. Que je sois au Luxembourg où il pleut ou au Portugal où il fait chaud. Je pense que l’endroit, l’environnement, l’atmosphère jouent un rôle très important dans tout ce qui m’inspire ou inspire un artiste.
Quels concerts t’ont le plus marqués ?
J’étais en tournée avec l’artiste portugais Anselmo Ralph en Afrique. On avait donné des concerts à Maputo dans la capitale du Mozambique et joué dans le stade national où il y avait entre 20 000 et 25 000 personnes. L’énergie du public était une autre chose, je n’avais jamais vécu ça avant. Le deuxième concert était en août 2021, quand j’ai joué dans le grand festival Lollapalooza à Chicago aux États-Unis. Ça faisait plus d’un an et demi qu’on n’avait pas donné de concerts à cause de la pandémie. Ressentir cette énergie du public sur scène, c’était magique.
Ça te rend nerveux de jouer devant un public tellement nombreux ?
La nervosité est toujours là, c’est juste la façon avec laquelle on traite cette nervosité qui change au fil des années et des expériences que tu accumules. Je ne suis pas vraiment nerveux, je suis excité de pouvoir jouer devant le public et de donner mon maximum. Peu importe les circonstances ou l’endroit, chaque concert est différent et on ne sait jamais à quoi s’attendre. C’est toujours bien d’être nerveux, cela t’oblige à te concentrer et à donner le meilleur de toi-même.
Sergio Manique Jr. (à droit)
Tu as étudié aux États-Unis à Berklee. Comment cette expérience t'a marqué ?
Cette expérience a complètement changé ma vie. J’ai toujours voulu étudier et partir aux États-Unis et vivre mon rêve. J’ai eu la grande chance d’avoir été accepté au Berklee College of Music. Parce que quand tu te retrouves dans un milieu où tout le monde a la même ambition que toi, la même vision de la vie que toi, c’est autre chose. Cette expérience m’a poussé à devenir la meilleure version de moi-même. Du matin au soir tu es en contact avec des gens talentueux et pendant quatre ans j’ai connu l’apprentissage au quotidien.
Comment ta formation t'a aidé dans ta carrière ?
Le plus important dans mon expérience à l’université a été le contact, les liaisons que j’ai forgé avec les autres étudiants. C’est un établissement avec 5 000 élèves et 30 % des élèves viennent de partout dans le monde, avec des cultures différentes. J’y suis allé comme batteur et j’y suis ressorti musicien et producteur complet. Au début mon but était de me focaliser sur un seul instrument et de le faire très bien. Par après j’ai réalisé que j’étais à Berklee et je que j’avais toutes ces ressources à ma disposition et il fallait que je les utilise. J’ai commencé à prendre des cours de production, d'ingénieur du son et sound design. J’essayais de toucher un peu à tout, je pense que c’est important de savoir faire un peu de tout dans le milieu de la musique.
Lequel de tes projets a été ton préféré ?
J’ai réalisé un EP avec ma copine Hania pendant la pandémie et cela a une signification très importante pour moi, parce que c’était mon premier projet en tant que producteur. On a lancé l’EP Under my skin au début de cette année et il se trouve sur Spotify. Un autre projet qui vient de sortir c’est un album avec le rappeur espagnol Tristan Simone avec qui j’ai joué aux États-Unis. Ces deux œuvres d’art sont très distinctes une de l’autre, mais elles ont une signification très importante pour moi en tant que producteur et musicien.
Tristan Simone et Sergio Manique Jr.
Comment tu gères l’équilibre entre ta vie professionnelle et ta vie privée ?
Pour l’instant, je travaille beaucoup, je suis ce qu’on appelle un workaholic. Mon problème est que je peux travailler du matin au soir, parce que je fais quelque chose qui me passionne. J’ai 26 ans et je suis dans une phase de ma vie où je ne pense qu’à ma carrière, où j’ai envie de donner mon meilleur, de faire le plus possible, parce que dans le futur je n'ai pas envie de regretter de ne pas avoir fait assez. Nous vivons dans une société où les jeunes ne pensent qu’à leur carrière et oublient de fonder des relations durables. J’essaye, mais ce n’est pas toujours évident d’avoir un équilibre. Personnellement, je pense que je suis bien dans mes relations personnelles et professionnelles, je ne me sens pas épuisé, je crois avoir trouvé l’équilibre dont j’ai besoin pour l’instant.
Quelle est la prochaine étape de ta carrière ?
La prochaine étape de ma carrière c’est de créer des liaisons au Luxembourg et au Portugal avant de repartir aux États-Unis. J’essaye de créer de bonnes liaisons dans les deux pays afin que chaque fois que je revienne en Europe, je puisse travailler avec les artistes luxembourgeois et portugais. Mon projet à court-terme c’est d’établir des relations durables en Europe.
Quel est ton message pour les jeunes artistes au Luxembourg qui aimeraient aussi vivre de la musique ou de l’art ?
Ne pas avoir peur, je sais que le Luxembourg est un pays très petit, ce n’est pas vraiment un pays où l’art prend une importance considérable. Je me rappelle quand j’ai dit que j’allais partir aux États-Unis pour étudier la musique c’était un truc un peu hors normes. Crois en ton rêve, crois en ta passion et bosse dur.
L’art est important dans la société ?
L’art est un pilier très important dans notre société. Nous avons besoin d’art tous les jours. Si d’un jour au lendemain, on n’a plus accès à l’art, on sera complètement dévasté. Nous sommes des êtres émotionnels et nous avons ce besoin d’exprimer nos émotions et la meilleure façon c’est à travers l’art, que ce soit la musique, la danse ou le théâtre. Un monde sans arts est un monde impossible.
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