02 aoû. 2021« Il faut savourer chaque instant passé sur scène »
Fondatrice et front-woman de Go by Brooks, Laetitia Koener, présente le nouvel album live du quintette composé également de Jérôme Moes, Nicolas Palumbo, Steve Krippler et Sacha Heck : Go By Brooks Live at Aalt Stadhaus.
L’album est sorti le 17 juillet. Quelle a été sa genèse ?
Laetitia Koener : C’est le premier album live de Go By Brooks. On l’a enregistré le 5 mars, quand on a enfin pu rejouer un concert après un an et demi de pandémie et de livestreams. C’était à l’occasion d’un petit festival appelé « The Stage is Hers ! » qui réunissait trois groupes menés par des femmes. Il n’y avait que trente spectateurs – c’était le maximum autorisé à ce moment-là - mais l’ambiance était tellement magique, tout le monde était tellement content d’être là qu’on a eu envie d’en faire un album. Ce n’était pas prévu au départ, mais comme notre technicien avait tout enregistré on a décidé de foncer.
Le groupe a déjà sorti deux EP, Rivers en 2015, Oceans en 2016, et un album, Another Flame en 2018. Même si ce n’était pas prévu pour ce concert-là, est-ce que l’envie d’enregistrer un live existait déjà ?
On n’avait pas prévu de sortir un live, mais on voulait depuis longtemps sortir un album acoustique. Finalement ça ne s’est pas fait car on a d’abord sorti Another Flame et puis, il y a eu la Covid. Du coup quand on a joué ce concert au Aalt Stadhaus à Differdange, on s’est dit que ce serait quand-même bien de faire découvrir au grand public l’esprit live du groupe. Je ne sais pas pourquoi, souvent les gens pensent que nous faisons de la musique calme, douce, alors que nous sommes un groupe pas mal rock quand nous jouons en live. On voulait vraiment que les gens se rendent compte qu’il y a dans notre musique de beaux solos de guitare et que notre son a aussi quelque chose d’un peu sale. En studio tout est toujours propre, c’est pour ça que je trouve intéressant de sortir un live.
Le groupe a commencé avec un style folk et des concerts guitare-voix. Il ne s’est électrisé que plus tard, entre autres avec l’arrivée de Nicolas Palumbo. Dans cet album, même s’il y a de belles balades, le folk semble très loin désormais et laisser la place à un rock tendance, pas métal, mais presque. C’est ça l’aspect « un peu sale » ?
Oui, c’est ça. J’ai grandi en écoutant des groupes un peu sales comme Aerosmith. C’est une musique qui me donne des frissons encore aujourd’hui. Il y a quelque chose de charmant dans cet aspect sale. C’est aussi pour ça qu’on adore être sur scène. Il n’y a que l’instant présent qui compte. Le live comporte parfois des imperfections, c’est vivant ! La musique ne doit pas toujours être parfaite.
© Jil Zago et Lugdivine Unfer
Combat féministe et combat culturel
Vous l’avez dit, ce concert à Differdange se tenait dans le cadre de la manifestation « The Stage is Hers ! », à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Dans vos chansons on n’a pas vraiment entendu de prise de position politique. Est-ce quelque chose qui vous titille ?
Oui, ces derniers temps j’ai lu beaucoup d’articles sur le fait que dans les festivals de musique, il n’y a que 10 à 20 % de femmes sur scène. Ce n’est pas normal, il me semble donc important de soutenir la présence des femmes dans différents domaines. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut organiser des festivals 100% féminins. Ce ne serait qu’une nouvelle stigmatisation. Mais faire attention pour qu’il y ait plus de groupes avec des membres féminins me semble important. Ce côté contestataire, féministe, se sentira dans les chansons de notre prochain album. D’autant plus que je suis devenue maman il y a quelque mois et cet aspect est effectivement devenu plus important pour moi. Il sera question de féminisme, mais aussi de « combat culturel ». Je ne parle pas de la mort, mais de l’assassinat de la culture ; une culture qui semble de moins en moins importante pour certaines personnes au pouvoir alors qu’elle est, à mon sens, une des premières caractéristiques de l’être humain. Du coup le prochain album ne sera pas super optimiste. Nos chansons proposent toujours une lueur d’espoir, mais l’ensemble sera assez sombre.
Le nouvel album propose une version live de chansons de l’album Another Flame avec aussi un nouveau titre, How to sing to a man. Pouvez-vous nous la présenter ?
C’est notre dernier single, il est sorti en juillet de l’année dernière. C’est une chanson qui explique à quel point il m’est difficile de parler de mes sentiments à quelqu’un que j’aime. C’est une chanson plus légère, plus pop, sortie pour l’été.
Un signe d’espoir
Vous reprenez aussi Obey, chanson de votre tout premier EP. Comment ça se fait ?
C’est devenu notre grande finale en concert. Sur l’EP c’est une chanson de 3 minutes tandis qu’en live elle dure 6 minutes. C’est le moment où Nicolas peut complètement lâcher sa guitare. On adore cette chanson en live car elle est très différente de la version studio.
Le concert au Aalt Stadhaus a marqué votre retour sur scène après la longue pause imposée par la Covid19. Entre les morceaux vous parlez un peu de cela. L’aspect Covid, du coup, va rester gravé. Pas grave que ce live reste ainsi marqué par la pandémie?
Je ne pense pas. Entendre parler de la Covid dans cet album c’est, au contraire, un signe d’espoir. Une manière pour ne pas oublier cette période et de nous rappeler qu’il faut savourer chaque instant passé sur scène. C’est aussi pour ça, justement, qu’on a voulu sortir l’album en ce moment quand ce n’est toujours pas évident de jouer en concert.
Le groupe annonce la sortie d’un nouvel album l’an prochain. Que pouvez-vous nous en dire ?
Il devrait contenir dix ou onze chansons. On a fini l’enregistrement, il faut encore faire le mixage. On pense le sortir au printemps et on compte sortir encore un single avant.
Pour plus d'informations: https://gobybrooks.com/music
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