Artaban

31 aoû. 2023
Artaban

Article en Français
Auteur: Pablo Chimienti

Dix ans qu’on l’attendait !  Artaban, le projet électro des frangins Charles et Max Nilles n’avait plus donné de nouvelles depuis la fin de la tournée de son deuxième album Flow, sorti en 2013. Le 21 juillet dernier, ils ont remis une pièce dans la machine avec Rec.Play.Rewind., un troisième album de toute beauté, fait de 9 morceaux instrumentaux aux ambiances cinématographiques.  Un album disponible désormais en vinyle, CD et sur la plupart des plateformes numériques. Rencontre avec Max Nilles, pour discuter sur ces 10 dernières années, sur l’album et sur la suite du projet Artaban.

Artaban qui sort un nouvel album, ça en a surpris plus d’un. Voilà 10 ans, et le deuxième album Flow, qu’on n’avait plus eu de nouvelles. Que s’est-il passé pendant cette décennie ?

Max Nilles : Pas grand-chose, enfin si ; il y a eu beaucoup d’activité dans nos vies privés, du coup on a un peu moins couru au niveau musical. Et puis, on a mis la priorité sur nos autres projets respectifs. Mon frère Charles a travaillé sur son projet Sh’napan, tandis que moi j’ai toujours été, en parallèle, avec mon groupe Mount Stealth avec qui on a sorti un troisième EP en 2018. Du coup, on a été un peu moins actifs avec Artaban, mais on a continué malgré tout, d’ailleurs les premières ébauches de cet album datent de 2018/19. On a eu besoin de temps pour peaufiner tout ça, recommencer des choses, faire un peu le tri… ça a donc pris un peu de temps.

Effectivement, sur la page dédiée à Artaban le site de chez Kito Kat, votre ancien producteur, on peut y lire qu’un album était prévu pour fin 2021.

Ah bon, ils avaient écrit ça ? Je ne me rappelais pas du tout qu’ils avaient annoncé 2021 (il rit). Mais oui, l’album a toujours été d’actualité ; il était même déjà prêt à ce moment-là pour être honnête. Mais bon, ils ont changé un peu leur direction artistique et sont partis sur des choses plus tech et électro tandis que nous, avec cet album, on a dévié vers quelque chose plus proche de la musique de film ou du moins quelque chose de plus cinématographique et moins électro que ce qu’on a fait par le passé.

« On tenait absolument à avoir des copies physiques de l’album »

Du coup, vous vous êtes retrouvés chez Muaaah! Records, un label qui travaille habituellement sur des rééditions.

Exactement. C’est une histoire d’enveloppes sous la table, bien sûr (il rit). Plus sérieusement, on est heureux d’avoir obtenu l’aide de Muaaah! Records sur cette sortie,  car on tenait absolument à avoir des copies physiques de l’album, et tout particulièrement des vinyles.

Artaban

Alors, comment est né ce troisième album ?

Naturellement. Comme je disais, Charles et moi on a eu d’autres occupations, mais on n’a jamais arrêté Artaban. Au contraire. C’est d’ailleurs un peu notre force, comme on est frangins, la question ne s’est d’ailleurs jamais posée puisqu’on se voit souvent, pour tout et pour rien, comme des frères quoi, pas uniquement pour faire de la musique ensemble. Et on apprécie vraiment passer du temps ensemble. Ce n’est pas la même relation qu’on a avec un groupe avec des gens qui ne sont pas de ta famille. Ici tout coule de source. Des ébauches de morceaux sont donc venues petit à petit depuis quelques années et ont commencé à trainer dans nos tiroirs ; nous savions que nous voulions les sortir, mais ça partait un peu dans tous les sens, alors on a dû retravailler le tout, trier un peu, reprendre pour que ça ait de la cohérence, un fil rouge.

Parlons de ce Rec.Play.Rewind. Alors que dans Flow vous aviez proposé un peu de texte dans l’un ou l’autre morceau, là vous revenez à un album 100% instrumental. La musique se suffit à elle-même selon vous ?

On n’est ni des auteurs, ni des chanteurs ; c’est pas ce qu’on fait le mieux du moins en tout cas. Si on utilise la voix, c’est plus en tant qu’instrument que pour chanter des paroles et raconter quelque chose. On a plus tendance a s’exprimer à travers la musique, oui.

Et comment avez-vous travaillé cet album, chacun a travaillé dans son coin, c’est ça ?

C’est toujours Charles qui travaille plus aux machines et qui amène, la plus part du temps, les premières idées pour les morceaux et moi j’apporte plus l’approche analogique, les arrangements, la rythmique, les cordes, etc. On a toujours travaillé comme ça, lui en premier, et moi j’arrive sur un second temps. Ce qui a vraiment changé par rapport aux morceaux des deux premiers albums où on a beaucoup travaillé les idées de base en répétition, c’est qu’ici chacun a travaillé de son côté, dans son studio. C’est une autre approche. Avant on travaillait beaucoup en répète, déjà parce qu’on avait plus de temps, mais aussi parce qu’il y avait une idée de live derrière…

« Un film sans images »

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…On va parler de live un peu plus tard, si vous voulez bien, restons sur l’album. Il comprend 9 morceaux qui sont pensés, finalement, comme la bande originale d’un film qui n’existe pas ; On note d’ailleurs un générique pêchu en intro, un générique de fin plus calme et entre les deux 7 ambiances avec des dynamiques bien différentes avec ici du calme, là du suspens et là encore de l’action... C’est un film sans images finalement, c’est ça ?

C’est un film sans images, tout à fait. On laisse l’imaginaire faire, sans prétention aucune. Chacun y voit ce qu’il a envie d’y voir. Certains vont percevoir des choses plus électro, d’autres quelque chose de plus cinématographique ; personnellement je pense qu’il y a un mélange des deux, mais bon je suis mal placé pour le dire car je n’ai pas assez de recul pour ça. Donc voilà, chacun est libre d’y voir ce qu’il veut. C’est ouvert à n’importe quelle interprétation.

Mais s’il y avait vraiment un film avec cet album, il ressemblerait à quoi?

Ce serait difficile de se catégoriser parce que ça va vraiment dans tous les sens. Autant on est inspirés par toute sorte de films des années 60, 70, 80 et même actuels,  autant, au niveau des bandes originales de film, on a été influencés par des compositeurs aussi bien italiens que français, anglais ou américains. Ça va vraiment dans tous les sens et toutes les périodes, dans des trucs un peu barrés comme des choses plus classiques. Les influences sont tellement nombreuses et variées qu’il est finalement difficile à quoi ressemblerait le film.

Parlant d’inspirations, en écoutant cet album on pense au groupe italien Calibro 35, qui a joué à plusieurs reprises au Grand-Duché, qui a l’habitude de travailler aussi de manière très cinématographique…

…C’est marrant, vous n’êtes pas le premier à faire le parallèle. On aime beaucoup Calibro, ça pourrait du coup être une inspiration, mais l’idée n’est pas de refaire ce qu’ils font. Calibro est, en général, beaucoup plus rock que nous. Et puis, au début, ils ont fait aussi pas mal de reprises de morceaux existants de vieilles bandes originales. Donc, oui, on aime bien ce qu’ils font, mais, en ce qui nous concerne, on a toujours voulu garder notre touche Artaban, avec, oui, cette fois-ci, c’est vrai, une consonnance ciné.

Artaban a joué plus d’une trentaine de concerts autour de son premier et son deuxième album, autrement dit de 2007 à 2014, puis plus rien. Et là, pour le nouvel album, un seul concert, pour la release, en juillet dernier aux Rotondes. Pourquoi être aussi « radin » avec vos fans ? Vous n’avez pas envie de tourner avec ce projet ?

On n’aurait rien contre dans l’absolu, mais on sait que ce n’est pas réaliste par rapport à nos plannings, nos vies professionnelles et familiales. En plus, comme c’est un projet qui a trainé longtemps. L’album aurait dû, au départ,  sortir il y a deux, voire trois ans. On est heureux d’avoir pu enfin le faire car ce sont des morceaux qu’on voulait vraiment partager avec le public, mais, pour nous, c’est quelque chose qu’on a déjà digéré ; on aimerait bien à la limite passer à autre chose.

Du quoi, c’est quoi la suite pour Artaban ? Pas dix nouvelles années de silence tout de même ?

On espère pas, non. Cette fois-ci ça a été exceptionnel. On sait que c’est beaucoup, mais honnêtement on n’a pas vu le temps passer. Nous, en tout cas on va continuer et on verra bien comment ça va se passer.

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