De Mains de Maîtres

14 nov. 2023
De Mains de Maîtres

Article en Français
Auteur: Isabelle Debuchy

Du 23 au 26 novembre, au 19 Liberté, 77 artisans exposeront leurs œuvres dans le cadre de la 4e biennale « De Mains De Maîtres ». Commissaire général de l’exposition, Jean-Marc Dimanche éclaire le thème de cette année : « Le geste et le territoire ».

Lien entre le patrimoine et la création, l’artisan d’art utilise sa connaissance des matériaux traditionnels ou s’approprie de nouvelles technologies. Ce savoir entre ces mains de femmes et d’hommes sur le tissu, sur le bois ou la terre, la pierre ou l’argent, chemine avec habileté vers l’ouvrage. Des gestes qui viennent de l’esprit, qui animent la matière inerte d’humanité, imposent peu à peu sur le métier, un dessin précis à la matière informe. Ces savoir-faire, ces gestes nous racontent-ils un territoire ?

MDM

« Le geste et le territoire » pouvez-vous éclairer cette thématique ?

Jean-Marc Dimanche : Il est vrai que le titre n’est pas neutre, il a interrogé plus particulièrement les artisans sur la notion d’identité artistique et de patrimoine culturel. Il correspond aussi à notre volonté de mettre particulièrement à l’honneur un seul pays : cette année le Portugal, et un peu moins nos voisins des pays frontaliers, comme nous l’avions fait jusqu’alors. Le Portugal a été choisi pour ses liens historiques avec le Luxembourg, et parce que cela nous a permis d’aller découvrir des métiers d’art différents et souvent, aujourd’hui, restés peut-être plus traditionnels que les nôtres. Cela fait sens avec « le geste et le territoire ». Y a-t-il ou non un artisanat et un savoir-faire propre à chaque pays ?

Votre parti-pris est-il résolument politique ?

Il y aura un coté didactique pour cet évènement. Ce qui nous intéresse n’est pas tant l’aspect politique, que la manière dont les artisans s’approprient ce sujet. Les créateurs luxembourgeois ont réagi chacun à leur manière par rapport à cette question d’identité, en s’interrogeant sur leur propre position au Luxembourg, terre d’accueil et de mixité au cœur de l’Europe. Ce thème me semble aujourd’hui et aux vues de conflits internationaux plus que jamais d’actualité.

Quel a été votre source d’inspiration ?

Je me suis inspiré du titre de l’ouvrage de Michel Houellebecq « La Carte et le Territoire ». Dans les éditions précédentes, nous avions posé des titres plus légers. L’artisan a ce savoir-faire particulier de travailler une matière qui colle à son œuvre. Un véritable magicien, il transforme avec noblesse la matière. L’affiche de la biennale a d’ailleurs été conçue en écho à tous ces bois précieux transformés en instruments de musique créés pour nous enchanter. Cette année, nous exposerons également les œuvres de Pit Molling, un sculpteur digital qui utilise la 3D pour créer des formes incroyables. C’est à dire la lisière entre artisanat et art, et davantage aujourd’hui entre geste manuel et technologie est très souvent subtile.


Créée en 2016, sous l’impulsion du couple héritier, De Mains De Maîtres donne un coup de projecteur aux artisans luxembourgeois et à leur savoir-faire. L’association « De Mains De Maîtres » a lancé sa première plateforme e-shop dédiée aux métiers d’art luxembourgeois à l’occasion des fêtes de fin d’année 2022. Cette nouvelle boutique en ligne, accessible via le site web de l’association (www.demainsdemaitres.lu) permet de découvrir une sélection de créations inédites signées par une quinzaine d’artistes exerçant dans notre pays et donne une nouvelle visibilité aux métiers d’art qui s’exercent au Grand-Duché.