08 nov. 2021Le tryptique Freigeister au Mudam : une agora, une exposition, un abécédaire
Tout artiste tend à s’affranchir à travers ses œuvres des contingences et des normes de son temps. L’exposition Freigeister au Mudam Luxembourg reflète cet état d’esprit. Les quatorze artistes, sélectionnés par les quatre co-commissaires du projet, participent à l’édification d’un monde plus humain. Leurs œuvres témoignent d’une expérience singulière de la liberté, au même titre que la praxis politique ou éthique. Ainsi, le projet Freigeister a été pensé pour renouveler notre perception du monde en nous ouvrant à un champ de réflexions multiples. Entretien avec Sarah Beaumont, co-commissaire de l’exposition sur ces Fragments d’une scène artistique au Luxembourg et au-delà.
A travers l’exposition Freigeister, quelles sont les grandes lignes qui se dessinent d’un « portrait engagé du monde qui nous entoure » ?
L’exposition réunit des artistes qui incarnent selon nous cette figure de l’« esprit libre » qui donne ce titre à l’exposition, car ils portent un regard singulier sur le monde qui nous entoure. Il peut s’agir d’un regard décalé comme celui d’Aline Bouvy qui interroge les normes et la notion de valeur, associée à l’argent notamment. D’autres points de vue sont aussi critiques, comme celui de Filip Markiewicz, ou poétique, avec Marco Godinho – tous deux ont représenté le Grand-Duché de Luxembourg à la Biennale d’art contemporain de Venise, respectivement en 2015 avec Paradiso Lussemburgo et en 2019 avec Written by Water. D’autres artistes présentent des œuvres en prise avec le réel, qui nous amènent pourtant à l’appréhender sous une toute autre perspective.
Filip Markiewicz, Euro Hamlet, 2019 | © Filip Markiewicz / Courtesy de l’artiste et AEROPLASTICS, Bruxelles
Quel est le message ou le vœu du 15e anniversaire du Mudam, à travers le projet Freigeister ?
Freigeister est l’occasion de faire connaître, à travers treize univers, un fragment de la scène artistique luxembourgeoise. Notre souhait était aussi d’inviter une plus jeune génération d’artistes comme Laurianne Bixhain, Nina Tomàs ou Daniel Wagener, tout en poursuivant d’autres collaborations engagées par le passé. En tant que musée, nous écrivons, avec d’autres institutions, des pages de l’histoire de l’art contemporain au Luxembourg et nous espérons avec cet anniversaire pouvoir en poser de nouveaux jalons.
Nous sommes pris aujourd’hui dans un vertige d’actualités, pensez-vous que l’esprit de cette exposition soit : « Où en sommes-nous avec le temps ? »
Il y a quelque chose de cet esprit, effectivement. Une plateforme d’échange, mise en place il y a plus d’un an, en amont de l’exposition, a permis des rencontres entre les artistes de l’exposition et des chercheurs, responsables associatifs, écrivains, philosophes. Ensemble, nous avons interrogé différentes thématiques telles que le vivre-ensemble, le multilinguisme, les migrations, les communs ou le territoire. Il s’agissait avant tout de nommer et tenter de comprendre les mutations sociales qui résonnent avec l’actualité. Un programme public prolongera ce principe de plateforme de réflexion, en l’ouvrant aux visiteurs. Notre vœu est de créer une agora autour de l’exposition, afin que le public puisse s’emparer de ce projet pour réfléchir à ces enjeux contemporains.
Sophie Jung, Come Fresh Hell or Fresh High Water, 2018 (détail) | © Sophie Jung
L’exposition comprend un projet développé par l’artiste Daniel Wagener en collaboration avec l’équipe des Publics du musée. Qu’en est-il ?
Oui, il s’agit d’un four à pain installé à l’entrée du musée qui sera activé régulièrement et mis à disposition du public, autour duquel aura lieu un programme de rencontres. Nous avons également invité, dans le contexte de l’exposition, vingt-sept personnes d’horizons variés à définir vingt-six mots pour créer l’abécédaire Freigeister. Prenant la forme de courtes interventions filmées, cet abécédaire présenté parallèlement à l’exposition esquisse un portrait subjectif et fragmentaire de la société luxembourgeoise et plus largement, sur les problématiques qui traversent le monde contemporain.
Freigeister. Fragments d’une scène artistique au Luxembourg et au-delà. À partir du 11 novembre et jusqu’au 27 février 2022. Galeries du rez-de chaussée. www.mudam.lu
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