Le fabuleux destin de Marie Lavis

01 fév. 2023
Le fabuleux destin de Marie Lavis

Auteur: Godefroy Gordet

Balade sur terre

Marie Lavis est illustratrice, animatrice et graphiste. Artiste des plus intéressantes dans ce petit vivier luxembourgeois, c’est entre une année préparatoire à l'Atelier de Sèvres (Paris), et des études en communication visuelle à la HEAD - Genève, qu’elle se forme avant de décrocher de cinquantes commandes. Diplômée en 2018, depuis, Lavis se définit « freelance dans les arts visuels », mais clairement son travail dépasse le cadre de la com’… Désormais basée à Luxembourg, Marie Lavis y a posé son âme duale d’enfant et de personne âgée. Fascinée par la musique, elle crée un pont avec ce domaine qui l’anime, et y installe très largement son travail. En grande passionnée, et comme l’invite son travail artistique, elle est une personne entre deux mondes, celui du terre à terre, l’autre celui des nuages. À l’image du déclic qu’elle aura eu à poser dans l’art, « en se laissant un peu porter », comme elle l’explique. Tout a commencé enfant, d’une rencontre avec l’illustratrice Vyara Boyadjieva, qui va lui faire ressortir d’elle-même certaines choses enfouies, et que jamais, elle n’aurait pensé « pouvoir faire fleurir ». Un cours de dessin plus tard, elle se met en tête l’idée fixe d’étudier l’art et de « peut-être en vivre ». La suite est sans équivoque une réussite tant Marie Lavis est une artiste accomplie, déclinant un univers poétique captivant sous des traits d’une justesse et d’une élégance folle. Dans le cadre de la présentation de son flipbook Tandem Running, ancré dans l’exposition Flip off aux Rotondes – dans le cadre du festival Fabula Rasa, entre le 20 janvier et le 12 février 2023 –, il fallait qu’on la rencontre et qu’on entende son brillant parcours d’artiste.

Identité visuelle, illustration, animation, motifs, création pour design produit, tatouage, couverture de pochette d’album... Autant de cordes à ton arc qui définissent ta pratique artistique de façon plurielle. Selon tes mots, comment te définirais-tu en tant qu’artiste et décrirais-tu ton travail ?

J’aime explorer avec curiosité, de nouvelles collaborations, de nouveaux supports, formats, rencontres, idées. Et j’aime voir l’art, ou une expression visuelle, un peu partout. C’est quelque chose qui me fascine, de voir un visuel immense sur un mur, tout petit imprimé sur la couverture d’un carnet, répandu sur un tissu que l’on porte, animé par la musique dans un clip vidéo, ou sur une affiche imprimée en masse. J’aime ne pas trop me fermer l’esprit à la possibilité́ des choses, et encore plus de celles que je n’aurais jamais pu imaginer ou qui me semblaient impossibles ou trop grandes. C’est aussi comme cela que j’aime vivre, ce n’est pas seulement dans ma pratique artistique. Il y a beaucoup de collaborations avec le milieu de la musique, car il m’inspire, me fascine, m’aide à m’exprimer parfois, mais de manière générale, une musique, quelque chose en mouvement, un souffle, une lumière, un élan de vie et d’espoir pousse ma main à un trait.

Quel que soit le domaine d’application et l’objet du projet, il apparait que le bleu et le jaune dominent dans tes créations, un attrait tout particulier pour un bleu à la Yves Klein et un jaune plutôt citron, deux couleurs plutôt opposées dans la palette, l’une froide, l’autre chaude, et qui pourtant dans ton travail, se complètent admirablement. Cette dualité́ mise au jour en regardant l’ensemble de ton œuvre est-elle conscientisée ou purement spontanée, voire hasardeuse, dans ton travail ?

Ma relation aux couleurs dans mon travail est assez étrange. Au début de mes études, même si j’avais déjà̀ remarqué que j’aimais utiliser l’espace blanc de la feuille, le silence, les formes et contreformes et la ligne, j’essayais un peu de tout, des couleurs aussi, des dégrades. Mais il manquait quelque chose à ce que j’exprimais, et à la manière dont je l’exprimais. J’étais un peu noyée dans mes tests et dans la possibilité́ des choix. Ma main et quelque chose en moi n’avaient pas vraiment réussis à se libérer.

En 2017, je suis partie en échange dans le cadre de mes études, et je suis tombée par hasard dans un cours d’animation. Le cours s’appelait Poetry in Motion, il fallait choisir un poème et s’en inspirer pour créer une animation. J’étais très touchée à ce moment là par une chanson de Yael Naim qui s’appelle Meme Iren Song. Je n’avais jamais appris l’animation et je croyais m’être retrouvée face à un mur. Je ne savais pas par où commencer. L’enseignant m’a simplement dit, « commence avec les 3 premières images, et observe le mouvement, vois où cela te mène ». Et rien n’a vraiment été pareil depuis. Cette première animation a été une révélation. Je n’avais pas encore acheté́ de matériel, donc je me suis mise à travailler avec le strict minimum, ce que j’avais : de l’encre de Chine et un pinceau. Je n’avais même pas de scanner, donc j’ai photographié les milliers de feuilles de l’animation sans trépied…

Deux choses m’ont libérée : la « limitation » du matériel, et le fait de pouvoir se libérer de l’idée de créer la perfection d’une seule image. L’animation m’a permis de créer un millier d’images, et donc d’entrainer ma main à se lâcher plus honnêtement et avec beaucoup plus de vie, d’émotions et de spontanéité́. Soudainement, ce n’était plus une image fixe, mais le mouvement de plusieurs images qui était le centre. En utilisant du noir sur du blanc, j’ai compris que j’arrivais à exprimer beaucoup plus honnêtement ce que j’avais à exprimer. Je n’avais plus la distraction du temps et des questions liées à l’infinité́ de matériel et de techniques possibles. Le noir et blanc est donc devenu mon langage en quelque sorte. C’est seulement cette dernière année que je me suis penchée à nouveau sur la question de la couleur. Je me suis acheté́ un set de couleur primaires Posca et j’ai découvert que j’arrivais à m’exprimer honnêtement avec aussi.

Au sujet du bleu et du jaune, il y a beaucoup à dire. J’aime le fait que tu mentionnes cette dualité́ entre les deux couleurs. Au fur et à mesure que j’avance dans la vie, je suis de plus en plus fascinée et désarmée, de manière positive, lorsque je pense au paradoxe de la vie, des choses, du chemin. Des fois, y penser me rend confuse, sans réponses, mais je sais que c’est la cohabitation des deux, le mécanisme de ces deux roues bien singulières qui s’emboitent qui crée la vie, et la rend si belle, complexe, et qui invite à garder un cœur ouvert à l’écoute, contemplateur, flexible, curieux. Ce sont deux couleurs qui me tiennent à cœur. Le bleu, qui est ma couleur favorite, m’apaise, j’aime celui du ciel, et du lac Léman. Quand j’en utilise dans mon travail, c’est surtout le bleu à la Yves Klein comme tu le mentionnes. Il est dynamique, profond. J’ai souvent envie de plonger dans le bleu, d’être immergée. C’est là où je laisse mon esprit et mes pensées aller. Le jaune c’est la couleur de la joie, de l’espoir, de la lumière. C’est vif. Je sais que je suis les deux à la fois.

Enfin, pour finir là-dessus, j’ai été inspirée ces dernières années par des artistes comme Jean-Charles de Castelbajac, Hervé Tullet ou des marques telles qu’Outsider Divisions qui m’ont confortée dans l’utilisation de ces couleurs. J’ai découvert que c’est une sorte de famille, un langage visuel qui me convient, dans lequel je me sens libre, en plus du noir et blanc. Ce sont des couleurs universelles, qui ont un caractère symbolique, direct, et qui me rappelle l’enfance.

Jon Batiste

Amatrice de musique, des musiciens et structures musicales te confient de nombreux projets de commande, notamment pour, entre autres, Universal Music, Jon Batiste, Shai Maestro, Metropole Orkest, Jacob Collier, Ronnie Scott’s, Innovative Leisure, l’École de Jazz de Genève, Soul Bag Mag, Maria Chiara Argirò, Jamie Leeming, ou encore le Metropolis Ensemble... Peux-tu nous expliquer cette affection et finalement comment tu procèdes pour « faire de la musique une image », d’une certaine manière ?

Mes parents ont toujours eu bon goût en terme de musique, donc mes oreilles ont été bien dorlotées depuis petite. Ma grand-mère et ma mère sont et ont été musiciennes. Petite, j’ai fait durant six ans du violon et du solfège, mais je crois que ça ne m’a pas réussi. Je me suis complètement éloignée d’un quelconque instrument pendant très longtemps. Adolescente, ma amie d’enfance Vyara, m’a fait découvrir une panoplie de nouveaux musiciens.ennes, et de genres musicaux, de Shai Maestro, à Hiatus Kayote, Jamiroquai, Stevie Wonder, Tigran Hamasyan, Balkan BeatBox, Incognito, chœurs Bulgares, etc. Cela m’a été marquant et édificateur. Je pense que cependant le déclic et le lien assez fort s’est créé en réalisant ma première animation –sur Meme Iren Song de Yael Naim –. Parce que je découvrais soudainement que la musique m’offrait un terrain de jeu très libre et vaste que je n’avais jamais connu auparavant.

 

Meme Iren Song from Marie Lavis on Vimeo.

Cette découverte m’a fait écouter la musique d’une toute nouvelle manière. Car je devais tout d’un coup m’immerger dans la musique, les sons, les plus petits détails, et écouter des dizaines et dizaines de fois afin de comprendre et d’en ressortir des émotions. C’est la première fois que j’écoutais, vraiment, et que je prenais le temps pour cela. C’est un monde tellement unique, infini et rempli de détails. C’est réjouissant. Je m’ouvre à nouveau également à pratiquer la musique, mais sous un tout autre angle que pendant mon enfance, moins stricte et plus curieux.

Concernant l’animation, c’est surtout purement les émotions qui parlent et qui dessinent. Dans celles que j’ai réalisé́ jusqu’à maintenant, les storyboards étaient brefs. Je me suis toujours amusée à laisser de l’espace, une part d’improvisation afin de recevoir quelque chose en créant. Parfois comprendre des images et des mouvements d’images une fois qu’ils ont été créés. Laisser de l’espace et ne pas tout contrôler. S’ouvrir à beaucoup de liberté́. Pour les illustrations, affiches, couvertures d’album, le procédé́ varie selon le projet et la collaboration. Parfois il y a une idée bien précise à respecter, parfois il y a plus de liberté́. Mais je pense que je reste toujours inspirée par le mouvement, le rythme, le déplacement des sons, la vie que la musique porte.

Dans ce sens, tu travailles aussi à l’illustration de cover d’album pour de nombreux musiciens du jazz ou de la musique classique. Quand on sait que de célèbres artistes se sont arrêtés sur le support tels que Matisse, Miró, Magritte, Richter, Ai Weiwei, Sylvie Fleury, Gregory Crewdson, Banksy, Shepard Fairey, Andres Serrano, Jeff Koons, ou encore Warhol et sa banane sur l’album Velvet Underground and Nico... Un symbole fort mais loin d’être anodin, dans le sens où tous cherchaient dans l’exercice de l’illustration d’une pochette de disque la possibilité́ d’échapper à certaines contraintes, pour trouver une forme de liberté́ ou une alternative à leur train-train. Toi-même es-tu dans cette quête, ou bien ce support de création te motive pour une autre raison ?

Je pense que j’aime ce support comme tout autre nouveau support qu’il est intéressant de découvrir et d’explorer. J’aime particulièrement lorsque je dois créer toute une pochette, pas seulement la couverture, et penser aux détails que l’on peut éventuellement cacher ici et là. Travailler l’objet comme un tout. Mais encore une fois, c’est un plaisir surtout car c’est une manière de créer un pont vers la musique et d’amener une petite pierre à l’édifice.

Montreux Jazz poster

Au cœur de ton travail, en 2019, tu t’es attelé́ à la conception de quatre récits narratifs illustrés pour enfants. Sont nés, L’imagier de l’encrier, In the Real Early Morning, basé sur une chanson Jacob Collier, L’ennui des après-midis sans fin, une histoire issue d’une chanson écrite par l'écrivain, compositeur et rappeur franco-rwandais Gaël Faye, et enfin, Let me be sad, un livre pour enfant signé Kristin Heitmann’s pour lequel elle t’invite à mettre en illustrations son histoire. Ce sont ainsi quatre projets de livres illustrés qui semblent se répondre et se compléter que tu réalises coup sur coup. Peux-tu nous raconter cette pulsion narrative qui t’a parcouru sur cette période ?

Suite à mes études à la HEAD, j’ai vécu deux années supplémentaires dans la région genevoise. Une de mes anciennes enseignantes, Mirjana Farkas, gérait la branche Suisse Romande d’un collectif d’illustrateurs, appelé́ Boloklub. Le groupe avait pour but de créer, de s’entre-aider et de se préparer ensemble à la foire du livre de Bologne. C’est donc à cette occasion que j’ai pris le temps de concevoir quelques idées qui me sont passées par la tête, L’imagier de l’encrier, In the Real Early Morning, L’ennui des après-midis sans fin. Malheureusement aucune de ces idées n’a pu prendre vie et être publiée, mais cela n’a retiré́ en rien le bonheur de les créer. Lors de mon passage à la foire du livre de Bologne, Kristin Heitmann a repéré́ quelques images que j’avais réalisé́, et de là est née la collaboration afin d’illustrer son histoire Let Me be Sad.

L’animation vient compléter ton profil d’artiste multicarte, profondément ancrée dans l’illustration. Et à nouveau, en tant qu’animatrice tu te mets au service de musiques, ou simplement de tes visions, pour les imaginer en dessins mouvants de paysages ou personnages propulsés dans un profond onirisme. Esthétiquement ton travail d’animation reste fidèle à ton style très reconnaissable, tout en sobriété́, façonné́ par un trait juste et sans fioriture. Fondamentalement qu’implique l’animation pour ton dessin, est-ce fait de « sacrifices » ou plutôt « d’agréments » ?

Comme j’ai un peu pu en parler précédemment, l’animation pour moi a été très libératrice. Du fait d’avoir commencé sans avoir appris aucune technique et théorie à son sujet, je n’étais encombrée d’aucun bagage. Je me suis lancée et c’était un bonheur. Il y a en effet le sacrifice de produire l’image parfaite, mais qui pour moi n’est pas un sacrifice négatif, au contraire. C’est laisser quelque chose que l’on contrôle un peu trop parfois pour laisser se créer, ou émerger une image nouvelle, une vie inattendue. C’est un exercice de relâchement et de confiance face à l’inconnu et la page blanche.

Tu t’appliques aussi à « l’art de la répétition », en exécutant plusieurs patterns ou « motifs » souvent pour du « branding » ou du design produit... Motifs décuplés pour créer dans l’accumulation de nouveaux récits et interprétations, le pattern est un standard ancestral dans l’art. Entre Keith Haring et Mr Doodle, ton travail du « pattern » vagabonde entre les nuances du genre pour se montrer tantôt tribal, tantôt urbain par exemple. Qu’est ce qui te fait vibrer dans cette technique artistique et stylistique ?

Il me semble avoir commencé́ pour la première fois à dessiner un pattern dans un carnet alors que je m’ennuyais un peu à une table sans visiteurs à une foire du livre. Je me souviens que c’était apaisant. Puis j’ai réitéré l’expérience peu de temps après en plus grand à la craie sur un tableau d’université́ où j’avais une répétition de chorale un soir. Et puis un jour on m’a proposé́ de réaliser une fresque dans un magasin Citadium à Lyon. Bien sûr en parallèle j’ai été de plus en plus fascinée par des artistes comme Keith Haring, mais aussi par des travaux comme ceux de Matisse dans une chapelle, ou encore des œuvres de Dubuffet. Je me souviens au début je dessinais majoritairement des mains tournées vers le haut, puis ensuite je suis passée à des foules de gens. Pour moi ces deux éléments étaient représentatifs de célébration, de danse, de mouvement, d’unité́, d’amour partagé, d’espoir, de joie, de hauts et de bas. Ces derniers temps ce sont surtout des sortes d’illustrations foisonnantes représentant des parcours et des pensées plutôt qu’un seul sujet répété́. J’aime aussi y intégrer des mots, travailler la lettre en tant que partie intégrante de l’image. Plusieurs choses me fascinent dans le pattern, comme cacher des détails, donner la possibilité́ aux lecteurs de se perdre dans les images et d’explorer, d’interpréter, de ressentir… Il y a les notions d’infini, de bien-être personnel et une forme de relâchement libérateur. Il y a aussi cette fascination visuelle dans l’idée de recouvrir des surfaces comme des murs, vêtements, corps, ou objets…

Pantalons Marie Lavis

Tandem Running sera présenté́ lors de l’exposition Flip off aux Rotondes, dans le cadre du festival Fabula Rasa, entre le 20 janvier et le 12 février 2023. Peux-tu nous raconter la genèse de ce projet ?

J’étais vraiment heureuse quand les Rotondes m’aient contactée à l’automne 2022 afin de me proposer de participer à Flip Off pour animer un conte, pour la section de FlipBooKits de l’exposition. Peu de temps après, ils sont revenus vers moi afin de savoir si j’étais partante pour créer également un « flipbook des Rotondes », qui serait présenté́ lors de l’exposition, mais qui continuerait d’exister suite à cette dernière. Bien sûr j’étais partante. J’aime beaucoup les Rotondes et cela me tenait vraiment à cœur dernièrement de participer à davantage de projets liés au Luxembourg. Ma seule contrainte a été de partir du logo des Rotondes, ces deux points. Et à partir de là, j’ai eu carte blanche.

Le flipbook étant une première pour moi, je me suis mise à réaliser plusieurs tests afin de délier un peu ma main. Les tests étaient amusants à regarder, mais purement visuels, ils ne contenaient aucun message. Et c’est bien cela qui manquait. Alors je me suis concentrée sur la narration. J’ai souhaité́ rendre la chose personnelle, et réfléchir à ce que le cercle représente pour moi, ce qu’il m’évoque, ce qu’il m’apporte. De là est né Tandem Running. Par ailleurs, j’avais un titre beaucoup plus simple au départ. Les Rotondes m’ont demandé́ si j’avais d’autres suggestions. Je n’en avais pas alors j’ai demandé́ de l’aide autour de moi, et une amie, après avoir flippé le livre à plusieurs reprises, a suggéré́ « Flying Tandem », puis « Tandem Running ». Ce dernier est un comportement chez les fourmis qui implique une fourmi accompagnant une autre fourmi à la source de nourriture qu’elle a trouvé́. J’ai beaucoup aimé́ ce titre et la métaphore qu’elle porte.

Édité par les Rotondes, Tandem Running est un « flipbook » au format livre, mais autour d’autres projets seront montrés durant cette exposition de « folioscopes », en français, qui s’animent sous différents formats. Peux-tu nous dire ce qu’est à proprement parler un « flipbook » et comment as-tu exploité ce principe d’illusion d’optique que provoque ces livrets feuilletés avec rapidité́ ?

Un flipbook est une succession d’images reliées, en un livre, qui créent un mouvement, une animation, lorsque l’on pince le bout du livre et qu’on laisse les pages défiler à une allure plus ou moins rapide. Le challenge était dans l’efficacité́ du message et de l’animation. Il fallait trouver un bon rythme, ne pas s’éparpiller dans trop d’actions lorsque l’on a que 90 pages à remplir devant soi. Il fallait garder en tête aussi le fait que certaines personnes allaient faire défiler les pages plus rapidement ou plus lentement que d’autres.

Pour finir, dans la poursuite de tes directions artistiques, quels sont tes plans pour le futur, as-tu des envies précises pour la suite de ton parcours, des projets en préparation, des rêves encore irréalisés ?

« Plan » est un grand mot lorsqu’on est freelance, et il est pour l’instant difficile de s’imaginer et de voir très loin. Je souhaite avant tout rester ouverte à l’inimaginable.
Mais un peu plus précisément, je crois que j’aimerais davantage travailler dans le milieu de la musique. Je travaille à temps partiel en ce moment en tant qu’assistante graphiste pour un musicien, et j’essaye d’observer et d’apprendre un maximum de l’organisation qui fourmille derrière lui, comme le management, le merch, la communication, l’ingénierie du son, etc. J’ai l’impression que cette expérience me servira de bagage et de formation pour la suite. J’ai quelques idées et collaborations qui me ferait vraiment plaisir de voir le jour mais je vais laisser venir ce qui doit venir. Sinon, il y a un clip vidéo à venir qui me tient particulièrement à cœur, et quelques autres collaborations en cours par exemple pour la marque Arrels, pour laquelle je développe un pattern, ou Ronnie Scott’s, pour laquelle je réalise une illustration pour un t-shirt, ou encore pour le groupe Metropole Orkest, pour qui je réalise l’illustration et le graphisme pour leur tournée…