04 juil. 2025Tali Le talent révélé à l’Eurovision

Eurovision 2024. Le Luxembourg concourt après plus de trente ans d’absence. C’est Tali, jeune artiste interprète-auteure-compositrice qui défend les couleurs du Grand-Duché. La chanson ? « Fighter », un hymne à la persévérance et à la ténacité pour parvenir à ses fins. Avec ce titre dynamique et résolument optimiste, Tali se hisse à la 13e place de la finale du célèbre concours. Une consécration !
Retour sur le parcours artistique et les projets de l’artiste au regard de jade.
Rendez-vous est pris dans un café du centre de Luxembourg. Fraîche et décontractée, la jeune femme de vingt-cinq ans arbore un sourire radieux et déterminé. De ses origines multiculturelles, Tali n’en oublie pas moins ses racines luxembourgeoises. Fille d’un père péruvien et née à Jérusalem, tout comme sa mère, elle grandit en Amérique latine. Élément fondateur de l’ambiance familiale, la musique rythme les journées. Piano, guitare, trompette : « Chaque membre de la famille joue d’un instrument. » Pour elle, dès ses sept ans, ce sera le piano classique. Solfège, arpèges, gammes. Elle s’entraîne avec assiduité pensant en faire son métier. C’est à son arrivée au Luxembourg qu’elle découvre le chant. Révélation. Tali a douze ans. Elle commence à écrire et composer. Au départ, pour elle. Plus tard pour les concours. Baccalauréat international en poche, elle s’envole pour New York. Haut lieu du music-hall, sa passion.
La musique est omniprésente dans votre vie. Comment passe-t-on d’amateur à professionnel ?
Travailler dur. Ne rien lâcher. Avec une famille de musiciens, il allait de soi de travailler dans cet univers. J’ai commencé le piano à sept ans en Amérique latine, où mon père travaillait. Pendant mes années au Luxembourg, j’ai multiplié les cours. Conservatoire pour le piano. Cours de chant. Cours de chorale. Cours de solfège. J’étais inscrite partout. À New York, j’ai continué sur ce rythme tout en suivant ma formation de Bachelor of Arts à l’université Marymount Manhattan College. Pendant quatre ans, j’ai auditionné pour plus de trente castings. J’ai connu l’espoir d’être sélectionnée jusqu’à la dernière étape…. avec de nombreuses déceptions. Il faut rester motivée et admettre de repartir à zéro quand c’est nécessaire. Mais j’ai toujours gardé espoir et travaillé dur. Soutenue par mes parents et mes frères, je sais depuis toujours que la musique est mon ADN. Le financement ? Il n’y a pas de secret : une accumulation de petits boulots à temps partiel. Cours de soutien scolaire, baby-sitting, serveuse… Tout en continuant à apprendre et à écrire. Je réalise maintenant à quel point cette expérience américaine m’a façonnée. Mes études m’ont appris les arts, le théâtre, la danse, la musique. Les auditions m’ont montré que seuls les meilleurs et les plus entrainés ont une place. Je n’étais pas la seule à avoir du talent ! Cela apprend l’humilité, le sens du travail, l’assiduité, la rigueur.
Parlez-nous de votre expérience à l’Eurovision 2024.
C’était un événement que le Luxembourg attendait depuis trente et un ans ! En apprenant la nouvelle, nous étions à la fois surpris et tellement encouragés. Une joie immense. L’expérience a débuté pour moi lorsque je me suis inscrite au Luxembourg Song Contest organisé par RTL à la Rockhal. Nous étions 248 en lice. Huit en finale. C’est le vote divisé entre le jury professionnel et le télévote du public qui a tranché. En apprenant que j’allais défendre les couleurs de mon pays à l’Eurovision, j’ai été submergée par une grande vague d’émotion. Si incroyable d’imaginer chanter et danser devant 163 millions de téléspectateurs ! À partir de cette sélection, je suis rentrée dans une préparation intense telle une athlète pour les Jeux Olympiques. Cinq mois de séances quotidiennes de plusieurs heures pour me perfectionner et améliorer ma présence scénique. Exercices vocaux, cours de chant et de danse avec les cinq danseurs sélectionnés par le chorégraphe, entraînement sportif régulier. J’ai même appris à chanter en faisant mon jogging ! Alimentation saine et équilibrée grâce à mon entraineur personnel, Alexis Lizin. Gestion du stress, travail sur la respiration. Monter sur scène est une chose mais il faut pouvoir gérer ses émotions et rester naturel. Apprendre à être la mieux préparée mentalement pour ces trois petites mais si longues minutes. D’ailleurs, mes études m’ont beaucoup apporté dans ma façon d’appréhender ce concours. J’avais déjà fait de la scène. Je connais le jeu des caméras, l’importance de la lumière.
Et la chanson « Fighter » ?
Lorsque je me suis présentée à la sélection luxembourgeoise, je l’ai fait en tant qu’interprète et compositrice. J’ai été choisie dans la première catégorie. Aussi, lorsque j’ai reçu la chanson – écrite par quatre auteurs dont Manon Romiti et Silvio Lisbonne –, je me suis posée de nombreuses questions. Devais-je insister pour chanter un de mes textes ? Serais-je capable de m’approprier cette chanson ? Et puis vint l’essai, qui a tout changé. Réalisé dans ma chambre à New York et envoyé par mémo vocal à Silvio Lisbonne. Il a adoré. Cela raconte aussi tellement mon histoire. Une fille qui se bat pour devenir une artiste. C’était comme une évidence. Depuis, Silvio et moi travaillons ensemble. Le début d’une collaboration magique.
Décrocher la 13e place à la finale à Malmö en Suède, c’est un beau parcours !
La surprise était totale et… magnifique ! Les pronostics présageaient une place de 28e. Pour un pays qui n’avait pas participé depuis si longtemps, c’était déjà surprenant. Alors parvenir à la 13e place était tout simplement irréel.
L’Eurovision a-t-elle été un tremplin pour votre carrière ?
C’est la rencontre avec Silvio Lisbonne qui a été décisive. Avant même de gagner la sélection luxembourgeoise et d’être sous les feux des projecteurs de la finale de l’Eurovision, il me suivait et voulait déjà travailler avec moi. C’est très important, pour une artiste, d’être appréciée pour ce qu’elle est, plus que pour ce qu’elle représente. Surtout dans ce milieu où de nombreuses personnes gravitent autour de vous pour des raisons parfois obscures. Ensemble, nous avons lancé un EP – Extended Play – composé de sept de mes chansons, sous l’égide de son propre label, Bel Air. Un format musical plus long qu’un single mais plus court qu’un album. Il est sorti le 2 mai 2025. Tout neuf !
Que trouve-t-on dans cet EP ?
Mon journal intime mis en musique. Je parle de tous les thèmes qui me sont chers : mes parents, ma famille, les univers d’où je viens. La chanson « Dear Parents » évoque la recherche de la perfection et la pression que les artistes peuvent subir. Mes parents auraient voulu suivre cette voie musicale. Je souhaite les rendre fiers, car ils m’ont toujours énormément soutenue. Dans « Je ne sais quoi », je chante en français, espagnol, hébreu et anglais. Toutes les langues et les cultures qui m’ont façonnée. « Wander » décrit une jeune femme qui voyage de pays en pays, en quête de ses racines. Si je devais décrire mon style, je dirais une musique aux sonorités et aux ambiances latino avec des touches de pop et R&B. Mes influences ? Billie Eilish, Olivia Dean et Rosalía.
Quels sont les défis d’une artiste ?
Rester raisonnable dans ses attentes. Je sais que percer dans ce métier prendra du temps. Mes chansons étant majoritairement en anglais, le marché français est difficile à conquérir, et le marché anglophone l’est encore plus, car nous sommes nombreux. Le défi majeur est de garder la tête froide. Il me semble primordial de rester authentique. Rester soi-même et ne pas tromper son public en essayant d’être ce que les autres attendent de vous. C’est difficile car la vie d’artiste n’est jamais linéaire. Je n’ai aucun contrôle sur le succès ou l’échec de mes chansons. Tout peut basculer si rapidement. Je me ressource auprès de mes amis, ceux qui me connaissent depuis longtemps, et de ma famille. Je crois en la vertu de la nature pour prendre du recul, se reconnecter à soi-même et même écrire. Se promener, faire du yoga, courir m’aident. Mon astuce pour décompresser complètement ? Éteindre mon téléphone un jour par semaine. La seule façon de garder les pieds sur terre !
Quels sont vos projets ? Vos rêves ?
Un concert. Le 24 juillet à Echternach. J’ai la chance de faire la première partie de Zoe Wees. En parallèle, j’écris et travaille sur un nouvel album avec un groupe de Brooklyn à New York.
Mon plus grand rêve ? Il est assez simple. Vivre de mon métier sans avoir à me soucier de l’avenir.
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