14 mar. 202542 ans de diversité et de dialogueFestival des Migrations, des Cultures et de la Citoyenneté

Visuel : © Moussé Bathily
Avec son identité visuelle colorée, le Festival des Migrations, des Cultures et de la Citoyenneté fait son retour pour sa 42e édition, prêt à faire vibrer mars au rythme des rencontres et de la diversité les 15 et 16 mars prochains. Depuis plus de quatre décennies, cet événement incontournable métamorphose la diversité en opportunité et la fusion des cultures en célébration. Ici, on ne se contente pas de célébrer la diversité : on la vit, on l’explore, on la partage, dans une effervescence où chaque échange devient une passerelle entre les mondes.
Plus qu’un événement, une tradition !
Dès 1981, le Festival de l’immigration a réveillé la place Guillaume. Il a d’abord été une initiative militante, portée par des associations de la première génération de migrants : Italiens, Portugais, Espagnols... À une époque où l’égalité des droits entre Luxembourgeois et étrangers n’allait pas de soi, ce rendez-vous revendiquait une citoyenneté plus inclusive. Avec le temps, le festival a pris de l’essor. Évoluant au fil de ses déménagements – place du Brill à Esch-sur-Alzette, dans un chapiteau au Glacis, halle Victor Hugo –, il a pris une ampleur plus grande en s’installant à LuxExpo The Box.
Il est aujourd’hui un véritable carrefour des cultures présentes au Luxembourg. En 2000, il adopte son nom actuel, Festival des migrations, des cultures et de la citoyenneté, affirmant ainsi l’ancrage des communautés migrantes dans la société luxembourgeoise et la richesse de leurs apports culturels. La même année naît le Salon du Livre et des Cultures, un événement unique piloté par le tissu associatif, témoignant du rôle essentiel des migrations dans la diversité culturelle du pays.

Le CLAE, un organisateur engagé
Le CLAE est un acteur emblématique de la diversité et de l’inclusion au Luxembourg. Cette association à but non lucratif reconnue d’utilité publique œuvre depuis bon nombre d’années en faveur de l’inscription dans la société luxembourgeoise des personnes venues en migration. Elle organise également le festival. En tant que responsable du festival, Alain Randresy a accepté de répondre à nos questions et de partager son regard sur l’évolution de cet événement.
Pensez-vous que le festival contribue à l’intégration des nouveaux arrivants au Luxembourg et pourquoi ?
Alain Randresy : Je pense que c’est une belle porte d’entrée, parce qu’elle permet, avant tout, de découvrir des structures engagées dans des domaines variés, menant des actions diverses. Que cela soit pour trouver une association pour danser le flamenco ou pour des démarches plus complexes, comme s’informer sur des questions qui touchent à l’accueil ou encore les projets de différentes ONG, tout est là. C’est un véritable condensé de la vie associative et citoyenne au Luxembourg, on y retrouve aussi bien des représentants du gouvernement que des institutions européennes. Au festival, on peut glaner des informations dans de nombreux domaines, des aspects pratiques liés à l’installation au Luxembourg aux idées sur la manière de s’impliquer dans la société, que cela soit à travers le sport, l’art ou les nombreux projets citoyens. C’est un espace de rencontre, de réseautage, aussi bien ludique qu’engagé, où les liens se créent naturellement. On échange, on ose, ici on va directement à la rencontre des autres.

Est-ce que le festival tisse des liens entre les différentes générations issues de l’immigration ?
Alain Randresy : Comme nous sommes à la 42e édition, le festival suit une certaine évolution. La différence entre les générations, c’est aussi l’implication dans les associations. Les nouvelles générations qui s’impliquent dans des associations existantes ou en créent de nouvelles manifestent la volonté de s’exprimer autrement. Elles viennent avec l’envie de créer, que cela soit en tant que photographes, cinéastes ou encore en explorant la cuisine de leur culture sous un angle différent, en y apportant une touche personnelle. Elles exposent leur vision du monde à travers leur art, leur culture et c’est là que des liens se tissent.
Le festival, avec sa diversité d’espaces et de perspectives, ouvre un champ des possibles : chacun peut proposer sa propre interprétation, redéfinir son approche, raconter son histoire autrement. C’est cette liberté qui rend les échanges riches et qui favorise une transmission naturelle entre les participants. Quand cela fonctionne, une véritable connexion se crée.
Certains pourraient dire que l’époque est moins ouverte à la diversité qu’avant. Avez-vous ressenti un changement dans la manière dont le festival est perçu ?
Alain Randresy : La réalité de la programmation du festival, c’est qu’elle est toujours impactée par l’actualité du monde. Depuis que je m’occupe du festival, il y a chaque année une guerre qui s’ajoute dans le programme des conférences. Cette année, c’est à propos du Congo, une guerre dont on ne parle pas et qui pourtant sévit depuis 20 ans déjà…
Il y a des gens qui adhèrent à des idées dispensées par les régimes autoritaires et nationalistes, qui parlent de protéger leur culture mais il s’agit plutôt d’une annihilation culturelle des gens qu’ils ne veulent pas voir exister. Ces personnes peuvent voir le festival comme une menace. Nous sommes là pour ouvrir un espace de dialogue, pour inviter les gens à discuter, même lorsque c’est compliqué. Parce que si nous faisions un festival uniquement avec des gens qui sont d’accord, il n’y aurait pas de conférences, ni de débats et nous n’avancerions pas.
Que diriez-vous à une personne qui hésite à venir ?
Alain Randresy : Pour ceux qui pensent que ce festival n’est pas pour eux, parce qu’ils ne sont ni immigrés ni migrants par exemple, c’est justement ici que les échanges prennent tout leur sens. Les gens viennent pour discuter, pour écouter, et apprendre de ceux avec qui ils échangent.
Ce festival, bien que porté par le monde associatif, ne s’adresse pas uniquement aux bénévoles, mais à tout citoyen. Il réunit aussi des professionnels, des artistes, des auteurs, des étudiants et même des entrepreneurs en devenir. Il offre un espace où chacun peut montrer, débattre, rencontrer des artistes, partager son point de vue. Chacun y a sa place, parce que des débats s’ouvrent sur des sujets qui nous concernent tous, parce que chacun peut rencontrer des artistes, échanger avec eux et, qui sait, peut-être influencer leur approche. Moi, je dirais sans hésiter : oui, il faut y aller !

Un festival à vivre pleinement
Que se passe-t-il lorsqu’on feuillette un livre qui nous est étranger, lorsqu’on goûte un plat d’ailleurs ou qu’on entend un récit qui ne nous est pas familier ? On découvre, on apprend, on s’émerveille. Plus qu’un simple rendez-vous, cette édition 2025 du Festival des Migrations, des Cultures et de la Citoyenneté est une véritable invitation au voyage. Un voyage fait de rencontres, de découvertes, d’échanges, où chaque stand, chaque spectacle, chaque plat raconte une histoire.
C’est tout l’esprit de cette édition placée sous le signe des possibles. Un festival qui encourage chacun à étendre les limites du connu, à créer des liens et à envisager un monde où la diversité est une force motrice puissante pour l’énergie, l’innovation et la créativité.
Outre les stands des multiples associations et acteurs du pays, la découverte des traditions diverses et des cuisines du monde qui ne manqueront pas de surprendre votre palais, comme chaque année, dans le village, s’expose une scène ouverte. Elle accueillera, au fil des heures, des danses, des musiques, des chants, des lectures, du théâtre, des contes proposés par les diverses associations et une multitude d’installations.
Depuis trois ans, les « Pop-Up Residency », résidences de création du CLAE, offrent également un espace d’expérimentation aux artistes, un laboratoire où les récits prennent des formes toujours plus audacieuses. Pour cette édition, les artistes explorent les frontières entre narration artificielle et réalité augmentée pour livrer des récits personnels. Cette exposition, visible depuis le 17 février sur la passerelle de la gare, prendra, le temps d’un week-end, ses quartiers en plein cœur du festival pour une rencontre directe avec le public. Grâce à une application téléchargeable, Artivive, les visiteurs deviendront acteurs de leur exploration. En utilisant leur téléphone, ils dévoileront des détails insoupçonnés. Une invitation à plonger encore plus loin dans l’univers des artistes et à découvrir ce qui se joue au-delà du visible…
Le festival, c’est aussi des rencontres publiques avec des écrivains et poètes venus de différents pays, des lectures pour petits et grands, des dédicaces avec le Salon du Livre et des Cultures où chaque livre fait voyager, transmet une culture et raconte l’histoire de l’humanité. Alors n’hésitez plus et venez découvrir toutes ces richesses !
L’entrée est libre et le festival est ouvert le samedi 15 mars de 11h30 à 00h30 et le dimanche 16 mars de 11h30 à 20h.
Retrouvez le programme sur www.festivaldesmigrations.lu et www.echo.lu

Auteurs
Institutions
Les plus populaires
- 02 avr. 2025
- 20 juil. 2023
- 20 mar. 2025
- 27 mar. 2025