Journées européennes de l’archéologie

11 juin. 2025
Journées européennes de l’archéologie
Première édition au Luxembourg

Article en Français
Photo: David Weis © studio wision

Créé en 2022, l’Institut national de recherches archéologiques (INRA) est un tout jeune institut de 39 personnes, en charge de l’inventaire, de l’étude, de la protection et de la mise en valeur du patrimoine archéologique luxembourgeois. Son directeur, David Weis, partage avec enthousiasme le programme de la première édition au Grand-Duché de Luxembourg, des Journées européennes de l’archéologie qui se dérouleront dans le pays, du 13 au 15 juin. 

© Cynthia Colling, INRA
Les Journées européennes de l’archéologie permettent de sensibiliser un large public face à la richesse de notre passé, essentielle pour construire un avenir éclairé et respectueux de nos racines. 

Pourquoi selon vous, est-il intéressant de participer aux évènements organisés pour les Journées européennes de l’archéologie ?

Ces premières Journées européennes de l’archéologie sont une manière de présenter au grand public notre Institut National de Recherches Archéologiques (INRA), qui organise pour la première fois des visites et des portes ouvertes à travers tout le pays, sur une multitude de sites. Ces trois journées vont permettre de découvrir les coulisses du patrimoine et de la recherche archéologique à Luxembourg.

Qu’est-ce que l’on peut apprendre lors de ces journées ? 

À l’origine, c’est une initiative du Ministère de la Culture français, qui a été rejoint rapidement par des institutions archéologiques d’Europe. Le Grand-Duché de Luxembourg était l’un des trois derniers pays à ne pas participer à ces Journées européennes de l’archéologie, alors que nous disposons des moyens pour montrer au public l’étendue de nos travaux. Nous avons réussi à mettre sur pied neuf événements pendant le week-end, en collaboration avec un ensemble d’acteurs locaux. Les passionnés d’histoire ou les simples curieux vont pouvoir expérimenter la diversité des expériences archéologiques au Grand-Duché. Et, qui sait, peut-être ces évènements susciteront-ils des vocations ? Nous manquons d’experts en archéologie et ces journées peuvent sensibiliser les futurs gardiens de notre histoire. 

© Cynthia Colling, INRA
Lorsque vous aménagez un terrain, que vous démolissez, construisez ou effectuez d’autres travaux de transformation dans le sol ou le sous-sol, vous êtes susceptibles de découvertes fortuites de vestiges archéologiques ! 

Y a-t-il de nouvelles méthodes de fouilles archéologiques ? 

L’archéologie est une discipline récente et nos gestes reposent sur diverses techniques comme la fouille stratigraphique, la prospection, la typologie et différentes méthodes de datation. Les pinceaux sont encore utilisés pour dégager délicatement les artefacts et les vestiges, pour nettoyer les couches de sédiments et révéler les détails de certains objets, surtout lorsqu’il s’agit de vestiges très fragiles. Toutefois, aujourd’hui, nous utilisons toutes les technologies à notre disposition comme des photos aériennes prises par des satellites, des drones ou des avions, et aussi le géoradar, qui utilise des ondes électromagnétiques pour étudier le sous-sol. Nous utilisons également les dernières innovations pour la restauration d’objets, les reconstructions en 3D et la réalité augmentée. Depuis 2012, le Luxembourg s’est véritablement doté de moyens conséquents et a développé ses propres méthodes, qui facilitent la prospection, l’étude des sites et la reconstitution des lieux historiques.

Ces journées peuvent -elle permettre de mieux comprendre les fondements de notre société ? 

Oui elles permettent, en effet, de mieux comprendre notre héritage. Notre situation géographique a eu un impact très fort sur l’évolution de notre pays. Notamment grâce aux cours d’eau, qui en ont fait un carrefour de civilisations et de cultures. On aurait tendance à sous-estimer la richesse d’autrefois du Luxembourg. Notre pays fut une terre d’accueil et l’économie y fonctionnait très bien, comme en témoigne, par exemple, le site celtique majeur du Titelberg dans le sud du Pays. 

J’encourage les personnes à venir voir comment fonctionne un Institut archéologique, car nous présentons les fouilles les plus récentes, le vendredi soir, à Grevenmacher. C’est une manière d’avoir une perspective plus globale sur le résultat des fouilles dans notre pays. On découvre énormément d’artefacts – des objets façonnés ou modifiés par l’homme et découverts lors de fouilles – ce sont des témoins précieux de notre histoire et de notre identité. 

© F. Germain, Archeo Diag, INRA
Ces journées encouragent une appréciation plus profonde de notre histoire commune et favorisent la transmission du savoir. 

Pourquoi se pencher sur le passé dans un monde bouleversé par les conflits contemporains ? 

Un regard en arrière, dans le rétroviseur, nous offre des pistes pour l’avenir. Il est intéressant de se tourner vers le passé, en évitant d’être nostalgique, pour tenter de comprendre d’où l’on vient. Bien étudier notre histoire peut nous rasséréner en ces temps de crises multiples. Nous avons beaucoup à apprendre de nos ancêtres. L’archéologie est une culture du passé, mais elle ne consiste pas uniquement à analyser les vestiges des bâtiments. Nous interrogeons aussi d’autres stigmates comme ceux du pollen, de noyaux de cerises et d’animaux et nous tentons de reconstituer la biodiversité d’autrefois. Quel est, par exemple, l’avenir des forêts à Luxembourg ? Participer à ces journées permet d’interroger, de mieux connaître notre histoire commune, de reconstruire un environnement ancestral pour mieux préparer notre avenir.

Les Journées européennes de l’archéologie, du 13 au 15 juin, https://journees-archeologie.eu/fru-3937/c-2025/lg-en/luxembourg/Homehttps://inra.public.lu/

 

Plus d’informations sur les Journées européennes de l’archéologie : 

13 juin : 

10 h à Bertrange : Présentation/Portes ouvertes de l’INRA. Ateliers : qu’est-ce que l’archéologie ? Présentation du service inventaire et cartographie, visite des dépôts. 

19 h à Grevenmacher : Ouverture officielle par le ministre de la Culture Eric Thill, suivie d’une conférence. Certains événements nécessitent une inscription préalable, d’autres sont libres d’accès. 

Partout en France et en Europe, les JEA sont l’occasion de découvrir l’archéologie dans 30 pays grâce à plus de 5 000 événements. Les Journées européennes de l’archéologie sont organisées par l’INRAP avec le soutien du ministère de la Culture, journees-archeologie.eu

Auteurs

Isabelle Debuchy

Artistes

David Weis

Institutions

Institut national de recherches archéologiques

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