L’artiste Marco Godinho investit l’espace public avec A Head Like a Garden / La tête comme un jardin, une installation en plein air conçue dans le cadre de la LUGA – Luxembourg Urban Garden et en partenariat avec le Cercle Cité. À découvrir jusqu’au 18 octobre 2025. 

Le titre, La tête comme un jardin, dessine une invitation à la lecture et à l’interprétation. Dans cette installation, Marco Godinho déploie une série de « protocoles artistiques » sous forme de sculptures. Une constellation d’œuvres à la fois minérales et végétales qui s’intègrent à l’environnement urbain tout en le questionnant. Il ébauche ainsi une fresque sensible, où chaque promeneur est invité à cultiver sa mémoire et son imagination. 

Un itinéraire poétique le long de l’Alzette

Les promeneurs découvrent des plaques en métal sombre, coulées en fonte, évoquant des sépultures et sur lesquelles sont gravées des aphorismes poétiques ou prophétiques, mais toujours singuliers et inspirés par les forces de la nature. Semés dans la vallée, ils agissent comme des fragments de pensée, invitant à la contemplation et à une attention renouvelée à l’environnement: mémoire ouvrière, liens avec le vivant de la terre au ciel. Leur esthétique d’épitaphes n’a pourtant rien de funèbre. Bien au contraire : derrière chaque plaque, des bacs en acier accueillent des plantes aromatiques ou d’autres végétaux aux noms évocateurs, que l’artiste a plantés et qu’il entretient lui-même. Chaque œuvre est ainsi accompagnée d’un jardin en transformation, sensible aux saisons comme aux états d’âme. Marco Godinho y évoque une forme de mélancolie active. D’un côté, le minéral, marqué par l’oxydation progressive du métal ; de l’autre, le végétal, porteur d’un cycle vivant : les plantes meurent, puis renaissent, signalant le passage du temps tout en étant la promesse d’un renouveau. 

Une balade entre paysages et mots

Ces « protocoles », empruntant à la brièveté et à la puissance évocatrice du haïku japonais, accentuent la tension entre la stabilité apparente des œuvres et la force dynamique de la vie en germe. Leur simplicité invite à une écoute attentive et sensible. Le parcours commence au parc Odendahl et s’achève au pied de l’ascenseur panoramique du Pfaffenthal. Il rassemble douze phrases poétiques disséminées dans le paysage. Certaines s’offrent comme de véritables incitations à la méditation : « Offer your time to a tree » (« Offre ton temps à un arbre »), « Listen to the wind, breathe the horizon » (« Écoute le vent, respire l’horizon »).

Un ancrage culturel

Fidèle à son approche, Marco Godinho puise dans des références historiques et culturelles pour nourrir ces protocoles. Il instaure un dialogue entre le visiteur, le texte et le cadre environnant : lire devient aussi un acte physique, une marche à travers les mots, invitant à une nouvelle forme de présence au monde, ouverte à l’invisible. L’artiste transforme ainsi la déambulation en une chorégraphie de la vulnérabilité et prolonge le dialogue entre l’intime, le collectif et le cadre urbain. 

Jusqu’au 18 octobre 2025, Parc Odendahl – Luxembourg. Installation dans le cadre de LUGA – Luxembourg Urban Garden, une manifestation horticole et artistique qui voit se développer des dizaines de jardins éphémères et autres installations « vertes » dans la capitale et à Ettelbruck. www.luga.lu