Bender, Herr et Edsun, sortent de leur "comfort zone"

29 mar. 2021
Bender, Herr et Edsun, sortent de leur "comfort zone"

Article en Français
Auteur: Pablo Chimienti

Figures emblématiques du jazz grand-ducal, le saxophoniste Maxime Bender et le batteur Jeff Herr lancent leur projet commun « Herr Bender » et s’associent avec le chanteur-danseur Edsun, pour une rencontre surprenante entre jazz, rock/pop et R&B. Rencontre avec les deux leaders.

Le vendredi 2 avril prochain le centre culturel Opderschmelz de Dudelange accueille le premier concert de votre nouveau projet Herr Bender feat Edsun. De quoi s’agit-il ?

Maxime Bender : Ce n’est pas tout à fait notre premier concert, on a déjà joué un concert en livestream depuis Dudelange qui a été diffusé au festival parisien Jazzycolors. Mais oui, ce sera notre premier concert en public. L’idée derrière ce projet vient du fait que Jeff et moi on a déjà joué souvent ensemble dans sa formation Jeff Herr Corporation, et qu’on voulait faire quelque chose ensemble en tant que co-leaders. On voulait faire quelque chose d’un peu différent, on a donc décidé d’inviter des musiciens supplémentaires. Là, c’est Edsun, mais il y aura d’autres collaborations à l’avenir.

Pour résumer, c’est un duo à trois.

MB : Sans vouloir faire nécessairement de parallèle, c’est un peu comme Steely Dan ou Daft Punk, avec un binôme qui écrit et produit ensemble et puis des artistes invités.

Du coup, pour ce concert, il y a d’autres invités ?

Jeff Herr : Non. Pour le concert il y aura 5 musiciens : Edsun au chant, Maxime Bender au saxophone, moi à la batterie, mais aussi Vitaliy Zolotov à la guitare et Reza Askari à la basse, deux musiciens allemands de très haut niveau. On a fait une résidence artistique à Dudelange en septembre 2020, du coup on a créé tout un programme avec Edsun; un répertoire nouveau et original. C’est ce qu’on va présenter à nouveau sur scène. Edsun a écrit les paroles des sept morceaux qu’on va proposer, tandis que Maxime et moi avons composé la musique. On a aussi mis en place toute une scénographie réalisée par Foqus qui a été intégrée dans la conception du projet. L’aspect visuel est très important dans ce projet d’autant plus qu’on y ajoute la chorégraphie d’Edsun qui en plus d’être auteur et interprète est aussi un excellent danseur. C’est tout un projet multidisciplinaire que nous avons créé lors de cette résidence.

« Avec ce projet on voulait changer complètement d’univers. »

Maxime et Jeff, vous venez tous les deux du jazz, du modern jazz plutôt instrumental si on veut être précis, Edsun, lui évolue entre le pop-rock et le R&B et il n’est pas instrumentiste, mais chanteur. Sur quels aspects vous retrouvez-vous de manière naturelle et sur quels aspects chacun a du faire un pas forcé vers l’autre?

MB : Rien n’a été forcé. Jeff et moi avons regardé un peu ce qui se passe dans la scène rock-pop. On cherchait des artistes qui soient à la fois complets et complémentaires par rapport à nous. Avec ce projet on voulait changer complètement d’univers. Edsun nous a aussi dit ça, car la manière de travailler que nous avons dans le jazz, avec le fait qu’on a créé plein de trucs pendant la résidence, c’était aussi tout à fait nouveau pour lui. En jazz, parfois on travaille deux jours, on va en studio et c’est bon ; là pour le premier single, on y a passé six mois au moins. C’est ce qu’on recherchait, sortir de notre « comfort zone » et apprendre de nouvelles choses.

JH : Oui, tout a été très naturel et agréable. On s’est adapté très vite l’un à l’autre. En jazz, le leader écrit le socle du morceau et pour le reste : place à l’improvisation ! Là on travaille dans une direction plus pop, on a donc dû prendre en considération l’inspiration du chanteur. De son côté c’était intéressant de voir notre manière de travailler dans l’instant ; il a d’ailleurs essayé de faire de même. Il a parfois écrit les paroles d’un morceau en quelques minutes entre deux prises. Il a intégré ce côté jazzy en réagissant très vite à ce qui se passait autour de lui, en s’inspirant de ce qu’on était en train de vivre. Du coup ça a été très facile de combiner les deux mondes, le jazz et le pop/rock.

Qu’avez-vous appris d’Edsun?

MB : Son approche des choses. Sa manière, en tant que chanteur, de réfléchir aux paroles par rapport à la musique. Du coup, j’essaye de comprendre comment il joue sur les intonations, comment il appréhende le chant et j’essaye, en tant que saxophoniste, de construire ma musique autour de ça pour que nous soyons complémentaires. C’est un gars très spontané, très à l’écoute. C’était très intéressant de travailler avec lui.

« Le début d’une recherche de son »

Le premier clip, « Fairytale », est déjà visible. Au-delà de son aspect un peu psychédélique et plein de couleurs, il met clairement l’accent sur le texte, avec toutes les paroles de la chanson qui apparaissent à l’image. N’est-ce pas un peu surprenant pour les instrumentistes que vous êtes ?

JH : J’ai joué et je joue toujours dans beaucoup de projets et groupes pop/rock en parallèle à ma petite carrière de batteur jazz, j’ai donc déjà l’habitude de mettre en évidence le texte et le chant. Et puis dans ce cas précis, j’ai même écrit des paroles ensemble avec Edsun. C’est quelque chose qui me plait vraiment. Donc, non rien de surprenant.

MB: C’était justement le challenge pour moi, souligner ce que la parole dit, l’embellir, l’accompagner, la mettre en valeur. Il n’y aucune contradiction à être instrumentaliste et vouloir mettre en valeur les textes.

« Fairytale » commence avec un son jazzy et organique, mais passe rapidement à quelque chose d’electro, de planant même. C’est juste dans ce morceau ou est-ce le style global du projet ?

JH : Ce morceau reflète le début d’une recherche de son. Une recherche pas encore achevée. Ça reste hybride, avec une structure organisée mais aussi des moments très ouverts. On mélange les sons live et organiques avec des sons plastiques. Ce n’est clairement pas un projet pour puristes, car bien qu’on essaye de garder un aspect organique, une musique vivante et improvisée, avec toujours une touche très personnelle, c’est enrichi avec pas mal de prod, avec des sons qui proviennent de l’ordinateur. Je pense que « Fairytale » reflète déjà un peu l’image du projet, résumée en un single de 3 minutes 30.

Du coup, l’album, c’est pour quand ?

JH : On travaille sur différentes pistes avec Maxime et notre producteur, Sacha Hanlet (NDLR : par ailleurs batteur de Mutiny On The Bounty). Nous allons sortir un single avant l’été, puis on vise un EP pour l’automne et un LP probablement pour l’année prochaine. Avec Edsun nous avons un super début, mais on doit encore expérimenter un peu, faire d’autres collaborations, car on veut un album avec plusieurs invités.

MB : Des invités avec différents styles musicaux. Le projet n’est pas du tout prévu pour un seul concert, on souhaite qu’il perdure et on veut travailler à fond ces aspects de production avec toute une dramaturgie, un aspect visuel, etc.

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